L’ouverture à la concurrence TER sous le prisme de la gestion d’actifs
L’ouverture à la concurrence du ferroviaire régional remet en question l’avenir des sites de maintenance et du matériel roulant, avec en plus un changement de propriétaire.
Sur les 272 000 équipements sportifs bâtis dont les collectivités sont propriétaires, près de 40% datent d’avant 1985 et 70 % n’ont jamais bénéficié de travaux lourds. Ces chiffres de l’ANDES alertent quant au vieillissement du parc sportif.
Face à ce constat, les communes sont contraintes de prévoir des investissements considérables pour la remise en état de ces équipements et les questions de réhabilitation-reconstruction se posent de manière récurrente. Néanmoins, il ne s’agit pas de reconstruire ou de réhabiliter à l’identique. Les territoires denses sont confrontés à d’autres problématiques spécifiques qu’il est nécessaire d’intégrer dans l’élaboration de la stratégie à déployer sur le parc sportif.
En parallèle de la vétusté constatée sur le parc sportif, les villes font face à un sous-équipement sportif, lié d’une part, à une forte fréquentation des équipements en centre-ville et d’autre part, à un taux d’équipements plus faible et une offre peu diversifiée dans les quartiers prioritaires (QPV).
Ce phénomène peut être accentué par différents facteurs : l’accroissement de la population locale, une forte pression foncière limitant le champ des possibles en matière de nouvelles constructions, une forte attractivité des villes-centre, ainsi qu’une augmentation du nombre de pratiquants à l’échelle nationale, la pratique sportive étant par ailleurs fortement encouragée par les politiques actuelles (plan héritage 2024, Stratégie Bouger +, etc.)
Tandis que la fréquentation des équipements sportifs augmente, l’émergence de nouvelles motivations induit une mutation des pratiques sportives, laissant parfois les collectivités dans l’expectative.
Un sondage mené par l’Institut Paris Région (IAU) s’est intéressé aux différentes sources de motivations à la pratique sportive : Alors que 83% des sondés pratiquent une activité physique dans un objectif de loisirs et de détente, seulement 17% font du sport dans un objectif de compétition. La santé, le contact avec la nature et la pratique en solitaire arrivent ensuite parmi les autres sources de motivation qui animent les pratiquants (respectivement 83%, 54% et 55% des réponses).
Les équipements sportifs hérités des années 1970 ayant été construits sur un modèle éducatif et compétitif, ces tendances laissent supposer que les lieux de pratiques seront eux aussi amenés à évoluer dans les prochaines années.
Ces mutations constituent un enjeu, qu’il est essentiel d’anticiper dans l’aménagement des installations sportives prévues pour les jeux olympiques, au risque de voir se reproduire la situation vécue par la ville d’Athènes, à savoir : l’abandon de la majorité des équipements sportifs de compétition en raison du poids des investissements nécessaires à leur entretien et de l’absence de grands évènements sportifs.
D’après la cour des comptes, le montant des investissements à prévoir sur le patrimoine sportif s’élèverait à 21 milliards d’euros à l’échelle nationale, dont 6 milliards pour la remise aux normes et 15 milliards pour l’adaptations des équipements aux nouvelles attentes des pratiquants.
Mais comment penser l’offre sportive et son organisation pour répondre à ces enjeux contemporains ?
Les équipements sportifs des années 1970-1980, ayant été construits massivement sous l’impulsion de l’Etat, dans le cadre des IVème et Vème plans, à l’aube de la reconstruction, sont marqués par une standardisation-type. Cette caractéristique s’explique par le rôle directif de l’Etat à cette période, dont l’aide se justifiait sur la base de plans-type et de grille d’implantation d’équipements sur le territoire. Or, face à l’évolution des pratiques sportives, ces équipements standardisés ne se révèlent plus entièrement adaptés aux besoins des habitants.
Désormais, la tendance à la pratique sportive en milieu urbain contribue pleinement à la création de lien social et l’animation des centres-villes. Progressivement, l’équipement sportif urbain tend à occuper une place centrale dans les projets d’aménagements et intègre une vocation de dynamisme dans le quartier d’implantation.
Dans ce contexte, il apparaît essentiel de penser l’équipement sportif en amont des opérations d’aménagements, afin de l’ancrer davantage sur son territoire et créer une identité de quartier.
A l’opposée des équipements des années 1970, ces nouveaux équipements ne constitueraient plus des espaces publics standardisés dénués de lien avec le territoire d’implantation et les usages pratiqués, mais deviendraient des lieux de pratiques « attractifs, inclusifs, multigénérationnel et vecteur de cohésion sociale ».
Pour cela, il est également nécessaire de rompre avec la vision normative et sectorielle de la programmation traditionnelle, susceptible d’induire à une inadéquation entre la conception des équipements et les usages des pratiquants. Dans une logique de dynamique urbaine, inclusive et créatrice de lien social, l’équipement sportif doit être conçu pour un public plus large et intégrer différents espaces.
La réalisation d’un diagnostic approfondi des besoins, incluant une évaluation des usages potentiels, doit constituer une étape clé de la programmation. Par exemple, des entreprises de proximité pourraient être intéressées par des créneaux pour la pratique sportive de leurs salariés. Cette mixité programmative peut notamment permettre d’incorporer une part de financement privé aux projets, voire de générer un autofinancement plus important, en diversifiant les usages et les publics. La concertation des autres services (sport, jeunesse…) dans la réalisation du projet, plutôt qu’un fonctionnement en silo entre promoteurs et services techniques et urbains, conditionne également la réussite du projet.
Enfin, la mixité fonctionnelle peut s’avérer intéressante dans l’optimisation des surfaces et la fonctionnalité des équipements, par la création d’équipements intégrés combinant plusieurs usages. Le projet de complexe sportif et culturel de Chartres Métropole , par exemple, prévoit une salle principale conçue pour deux configurations : une salle sportive de niveau national, dont la modularité permettra sa transformation en salle de concert et de spectacle.
L’évolution actuelle des pratiques et des inégalités de desserte nous invite à réinterroger le réseau existant.
Les prémices de l’organisation en réseau des équipements sportifs datent des années 1930, lorsqu’une première distinction entre équipements de grand rayon et équipements de proximité apparaît. A partir des années 1970, son maillage s’est élargi et s’est complexifié davantage dans les années suivantes, avec la prise d’initiatives de comités d’entreprises et de clubs corporatifs dans l’aménagement d’infrastructures supplémentaires. Entre 1980 et 2002, la recherche d’une couverture quasi complète des possibles en matière d’offre sportive par les communes, a contribué à multiplier le nombre d’équipements ou à les faire évoluer vers la polyvalence, dans un objectif de rentabilité. Dans le même temps, les infrastructures scolaires, encore « timidement » mutualisés en dehors des horaires scolaires, sont venues constituer un sous-réseau spécifique venant compléter l’armature principale d’équipements sportifs.
Le réseau actuel retrace l’historique de ces dynamiques de construction d’équipements. Cependant, l’organisation de l’offre existante fait face à des inégalités territoriales, à l’échelle nationale mais également entre différents quartiers dans la ville.
Dans les quartiers prioritaires (comme dans les zones de revitalisation rurales et les territoires ultramarins), le taux d’équipements sportif est insuffisant et l’offre faiblement diversifiée.
En parallèle des grandes opérations de rénovation à mener sur les équipements structurants, la tendance à la pratique sportive de loisir et le sous-équipement dans certains quartiers, encouragent le renforcement d’un réseau de proximité, en ouvrant, par exemple, les établissements scolaires au grand public.
Le plan 5000 équipements sportifs de proximité déployé par l’Etat prévoit également un investissement de 200 millions d’euros sur la période 2022-2024 pour la rénovation et la requalification d’équipements sportifs de proximité, et pour l’acquisition d’équipements mobiles. Les collectivités territoriales peuvent ainsi faire une demande de subvention auprès de l’Agence Nationale du Sport pour financer tout ou une partie des projets éligibles.
En évoluant progressivement vers la pratique en autonomie et en extérieur, le plus souvent en cœur de ville, dans un objectif de santé et de bien-être, la pratique sportive trouve également sa place dans l’espace urbain.
Le recours au design actif, très pratiqué en Amérique du Nord, offre un fort potentiel pour la pratique libre en centre-ville. Ce type d’aménagement vise à « détourner » l’usage habituel de l’espace public et des bâtiments pour l’activité sportive et lutter contre la sédentarité.
« Concrètement, le design actif encourage à marcher plutôt qu’à conduire, pédaler plutôt qu’à rester assis et cela passe par de la conception de signalétique, le déploiement de mobilier urbain incitant au mouvement : marquages au sol, parcours, espaces de jeux, œuvres d’art ludique… » (Ministère de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales)
Depuis 2021, une collaboration entre le programme Action Cœur de Ville (ACV) et le label « Terre de jeux 2024 » encourage cette démarche auprès des collectivités en mobilisant des moyens et en élaborant un guide opérationnel du design actif.
A partir de 2022, des missions d’audit et d’accompagnement ainsi que des financements sont mis en place pour les collectivités souhaitant développer le design actif sur leur territoire.
Le parc sportif dans les zones urbaines fait donc face à de nombreuses contraintes : vieillissement du parc, manque d’infrastructures sportives, offre trop peu diversifiée, inadaptation aux nouvelles pratiques…
De nouveaux concepts d’équipements, un renforcement du réseau de proximité et le recours au design actif sont autant de pistes à explorer par les collectivités pour faire face à ces nouveaux enjeux. Ces démarches encouragées par l’Etat peuvent donner lieu à différents financements : Plan des 5000 ESP, programme ACV x Terre de jeux 2024, etc.
Dans ce contexte, l’équipe tbmaestro accompagne les collectivités dans la réalisation d’un schéma directeur immobilier sur leur patrimoine, notamment sur le parc sportif. Cet outil leur permet de disposer d’une vision globale de leurs équipements, par la réalisation d’un état des lieux technique, occupationnel et fonctionnel du patrimoine concerné. L’implication des différents services dans la démarche, fortement encouragée par tbmaestro, permet de définir un diagnostic transversal des besoins, avant de définir les grandes opérations immobilières à mettre en œuvre.
Mots clés : parc sportif, sous-équipement, pratiques sportives, équipements intégrés, design actif, programme ACV, Terre de jeux 2024, jeux olympiques, plans des 5000 ESP, quartier prioritaires, zones denses, SDI.
Date de l’article : 18/05/2022
Rédacteur : Emma Bedo
Sources :
PICOT, David, Equipements sportifs : construire ou rénover, le dilemme des collectivités [en ligne], disponible sur : https://www.lagazettedescommunes.com/516893/equipements-sportifs-construire-ou-renover-le-dilemme-des-collectivites/
Equipements sportifs et aménagement urbain : la nécessité d’innover, Ministère chargé des sports, mai 2021 : https://www.creps-pdl.sports.gouv.fr/assets/images/docedit/dossier_mai_2021_-_equipements_sportifs_et_amenagement_urbain_la_necessite_dinnover_-vf-.pdf
CALLEDE, Jean-Paul, Réseaux d’équipements sportifs, innovation culturelle et fonctionnalité urbaine [en ligne], disponible sur : https://www.cairn.info/revue-histoire-economie-et-societe-2007-2-page-75.htm
Équipements sportifs en ville : pourquoi et comment innover ? Synthèse du petit déjeuner décideurs-chercheurs du 16 février 2016, IAU, juin 2016 : https://www.institutparisregion.fr/fileadmin/NewEtudes/Etude_1300/SYNTHESE_PDJ.pdf
Quels équipements pour une nation sportive ?, Belkhir BELHADDAD, mars 2022 : https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/284251.pdf
Paris 2024 lance son Guide opérationnel du Design Actif [en ligne], disponible sur : https://terredejeux.paris2024.org/actualite/paris-2024-lance-son-guide-operationnel-du-design-actif
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