L’ouverture à la concurrence TER sous le prisme de la gestion d’actifs
L’ouverture à la concurrence du ferroviaire régional remet en question l’avenir des sites de maintenance et du matériel roulant, avec en plus un changement de propriétaire.
Alors que la cérémonie d’ouverture des JO 2024 se rapproche à grands pas et que les derniers travaux se terminent dans la capitale et la petite couronne, se pose la question de l’héritage des infrastructures. Quelle direction a pris la France à ce sujet et où se placera-t-elle entre les bons élèves, comme Barcelone, qui s’est réapproprié son littoral grâce aux Jeux Olympiques de 1992, et les moins bons, comme Rio, où la plupart des installations ont été fermées ?
Tout d’abord, faisons le point sur les infrastructures des JO 2024.
Le plan d’infrastructures combine la rénovation de sites existants, l’utilisation de structures temporaires, la construction de nouvelles installations et l’amélioration des transports urbains. La particularité de ce plan est de minimiser la construction de nouvelles installations. Seules quatre nouvelles installations majeures ont fait leur apparition : le Village Olympique, le Village des Médias, le centre aquatique de Seine-Saint-Denis et l’Arena Porte de la Chapelle. Pour le reste, il est prévu d’utiliser 95% d’infrastructures déjà existantes ou temporaires. Parmi les infrastructures existantes, nombreuses sont originellement dédiées à un usage sportif, comme Paris La Défense Arena ou bien le Stade de France, mais on retrouve également d’autres sites qui changeront d’usage temporairement pour l’occasion. Par exemple, le parc du Château de Versailles accueillera la compétition d’équitation et sur l’Esplanade des Invalides auront lieu des épreuves de tir à l’arc. Pour ce qui est des infrastructures édifiées de manière temporaire, le Grand Palais Éphémère fait office d’emblème, avec ses 10 000 m² de structure en bois qui accueilleront les épreuves de judo et de lutte.
Cette approche vise à réduire l’impact environnemental associée aux Jeux, et à éviter la question complexe du devenir et de l’entretien de certaines infrastructures construites spécifiquement pour l’événement.
Le plan d’héritage des infrastructures des JO 2024 s’inscrit dans le plan général d’héritage des Jeux qui se veut social et environnemental.
Lors du coup d’envoi du chantier du village olympique fin 2019, Edouard Philippe, alors 1er ministre, annonçait :
« Les infrastructures sont conçues pour être utiles au territoire et à la population. Avec les collectivités territoriales, nous concentrons plus d’un milliard d’euros d’investissements publics sur la Seine-Saint-Denis, car c’est un territoire particulièrement fragile. Nous avons défini les priorités en fonction des besoins en logements, en infrastructures de transport et en équipements sportifs ». [1]
Ainsi, les nouvelles infrastructures construites pour les JO 2024, de même que la rénovation d’installations existantes, visent en parallèle des Jeux à répondre à un besoin déjà présent, ce qui assurerait naturellement la continuité de leur utilisation.
Ce besoin s’est focalisé en grande partie sur la Seine-Saint-Denis, où 80% des investissements publics se sont concentrés. Le Village Olympique et le Village des Médias, après des travaux à la suite des Jeux Olympiques, offriront respectivement 4000 logements dont 40% de logements sociaux et 1300 logements dont 20% de logements sociaux, répondant à la carence en foncier social. Des commerces et bureaux seront également intégrés dans les futurs quartiers. Le Centre Aquatique Olympique quant à lui a pour objectif de doter en piscines la Seine-Saint-Denis, département aujourd’hui en net sous-effectif. De son côté, l’Arena Porte de la Chapelle répond à un souhait de longue date de la Ville de Paris de disposer d’un équipement de jauge intermédiaire, 8 000 places environ, qui permettrait la tenue d’évènements sportifs d’envergure. Le quartier de la Porte de la Chapelle était particulièrement ciblé en raison de son manque de lieux de sport de proximité, une fonction que l’Arena est également destinée à remplir.
Comme abordé précédemment, le plan d’héritage des JO 2024 est largement facilité par le faible nombre de nouvelles infrastructures.
En parallèle du plan visant à fournir et assurer le devenir des infrastructures qui seront utilisées durant les JO 2024, le gouvernement a également mobilisé des moyens pour que l’ensemble du territoire permette un meilleur accès à des infrastructures sportives de proximité de qualité.
Parmi les mesures, l’on retrouve celle des « 5000 terrains de sport ». Doté d’un budget de 200 M€, ce plan lancé depuis 2022 a permis de financer la construction, la rénovation ou l’agrandissement de plus de 5500 terrains de sport sur tout le territoire français. Dans la continuité de cette mesure, le plan « 5000 équipements sportifs – Génération 2024 », annoncé en septembre 2023, prévoit la réalisation de 1500 cours d’école actives, la création de 3000 équipements de proximité et la rénovation de plus de 500 équipements structurants (gymnase, stade, piscine…). Pour financer cela, une enveloppe pluriannuelle de 300 M€ sur 3 ans est allouée à l’Agence national du Sport.
Un deuxième plan, lancé en 2022 suite au premier plan « Piscines », et doté de 35M€, poursuit l’objectif du Centre Aquatique Olympique de combler la carence en équipements nautiques en Seine-Saint-Denis. Ainsi, il prévoit de construire trois piscines à Aulnay-Sous-Bois, Aubervilliers et La Courneuve.
Outre ces mesures portant sur les infrastructures, d’autres actions initiées par le gouvernement ont pour but de changer les mentalités et les comportements vis-à-vis de la pratique sportive. Par exemple, depuis 2018, 3 millions d’enfants ont participé à la Semaine Olympique et Paralympique, événement annuel organisé dans tous les établissements scolaires et universitaire en France.
Bien que fortement réduite par la volonté des infrastructures des JO 2024 de répondre à des besoins déjà existants de la population et par le peu de nouvelles installations, une certaine crainte subsiste quant au risque que ces infrastructures ne deviennent tout de même des ‘éléphants blancs’. Cette expression, originaire d’Asie de l’Est et très utilisée dans le cadre des Jeux Olympiques, désigne des projets qui une fois construits sont sous-utilisés, obsolètes ou non pertinents, et dont le coût de maintenance devient alors un fardeau financier.
Cette crainte se porte en particulier sur le Centre Aquatique Olympique où des doutes sont parfois émis sur sa viabilité financière, la structure conséquente étant onéreuse à entretenir mais le prix de l’entrée devant rester accessible. Son intégration dans la communauté locale pose également question, un ensemble de plus petites piscines de quartiers ayant sans doute été plus facilement adopté par les habitants.
Le Village Olympique interroge également sur son apport réel pour la population locale. En effet, selon le comité de vigilance citoyen des JO 2024, qui regroupe des associations et des collectifs citoyens, les prix du foncier dans le futur quartier seront tels qu’il ne sera pas accessible à la majorité des habitants de la Seine-Saint-Denis. D’après l’économiste et intervenant au forum « Olympisme en action » Andrew Zimbalist, le quartier risque de subir une gentrification comme cela s’est vu dans de nombreux autres villages olympiques devenus logements, qui n’ont par ailleurs que rarement augmenté la qualité de vie de la zone dans laquelle ils étaient implantés. Le comité de vigilance citoyen souligne également qu’il s’agit de services, en particulier de santé, dont la population aurait besoin.
L’héritage en termes d’infrastructures des Jeux Olympiques de Paris 2024 est grandement facilité par l’utilisation d’installations déjà existantes et intégrées, ainsi que par la réhabilitation de nombreux équipements. Pour ce qui est des nouvelles infrastructures, elles trouveront à priori leur place en tant que quartiers de logements, infrastructures nautiques et équipements sportifs/évènementiels. Leur intégration est cependant à suivre, car il n’est pas encore certain qu’elles sauront entièrement profiter aux populations locales et se fondre dans le tissu urbain. Cette question d’héritage met en avant la notion de valeur générée par les actifs (équipements ou infrastructures par exemple) tout au long de leur cycle de vie, et qui doit être anticipée dès leur conception / construction, ou réinterrogée à l’une de nouvelles opérations. Cette valeur, aux multiples composantes (financière, environnementale, sociétale, d’usage, etc.), est une notion centrale de la norme ISO 55000 et de la gestion d’actifs. tbmaestro, en tant qu’expert et tiers de confiance, peut vous accompagner pour maximiser la valeur de vos actifs, notamment dans le cadre d’une analyse de votre système de gestion d’actifs.
Mot clé principal : Infrastructures des JO
Mots clés : Héritage, JO 2024, Jeux Olympiques 2024, Paris 2024, Seine-Saint-Denis, Village Olympique, Centre Aquatique Olympique
Date de l’article : 02/07/2024
Rédactrice :
Sources :
[1] Plan héritage du gvt – Plan héritage du gouvernement (Maire Info) : https://www.maire-info.com/jo-paris-2024-ce-qu’il-faut-retenir-du-plan-d’heritage-du-gouvernement–article2-23562
Article Lemonde – JO de 1992 à Barcelone (Le Monde) : https://www.lemonde.fr/sport/article/2023/12/20/quel-heritage-pour-paris-2024-les-metamorphoses-de-barcelone-lors-des-jo-de-1992_6206861_3242.html
Article tbm – JO2024 évènement durable (TBM) : https://www.tbmaestro.com/sports-loisirs-et-culture/jo-paris-2024-evenement-durable/
Logements – un héritage utile et durable (Ministère des sports et des jeux olympiques et paralympiques) : https://www.sports.gouv.fr/un-heritage-utile-et-durable-2027
Héritage olympique gazette des communes 300424 TOP – Héritage des JO au niveau des collectivités (gazette des communes) : https://www.lagazettedescommunes.com/925332/jo%e2%80%89-pour-les-collectivites-limportant-cest-dheriter/?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=gazette_quotidienne&email={{mj:contact.ID}}&idbdd=57269
Arena Porte de la Chapelle – Arena Porte de la Chapelle (Paris 2024) : https://olympics.com/fr/paris-2024/sites/arena-porte-de-la-chapelle
Gentrification Village Olympique – Des peurs de gentrification suite aux JO en Seine-Saint-Denis (DW) :https://www.dw.com/en/paris-olympics-fuel-gentrification-fears-in-poor-district/a-67046543
Equipements sportifs JO – Quels équipements sportifs les Jeux Olympuques laisseront-ils en héritage ?…(Le courrier des maires) : https://www.courrierdesmaires.fr/article/quels-equipements-sportifs-les-jeux-olympiques-laisseront-ils-en-heritage.57987
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