CIM : un levier numérique pour repenser sa stratégie patrimoniale
27 Mai, 2025
Né de l’évolution du Building Information Modeling (BIM) au début des années 2010, le City Information Modeling (CIM) s’inscrit dans la continuité de la modélisation de l’environnement bâti, mais à une échelle plus vaste, allant du quartier à la ville entière.
Le BIM, désormais bien implanté dans les secteurs de la construction et de la gestion immobilière, a démontré sa capacité à structurer et centraliser les données techniques des bâtiments tout au long de leur cycle de vie. S’appuyant sur ces acquis, le CIM va plus loin en intégrant des dimensions spatiales, réglementaires et économiques à l’échelle territoriale. Initialement pensé pour les grands projets d’urbanisme, il dépasse aujourd’hui le simple rôle de maquette 3D pour devenir un véritable outil de gouvernance, capable d’intégrer et de croiser des données multiples au service d’une gestion stratégique des actifs urbains.
Qu’est-ce que le City Information Modeling ?
Basé sur le principe de la maquette 3D, le « jumeau numérique », le CIM reprend ce même concept et le mélange à des domaines comme le SIG (Système d’Information Géographique) afin de l’étendre à une spatialité bien plus importante, allant du quartier à la ville entière, et de manière plus globale, au territoire. Grâce aux logiciels dédiés, le CIM permet ainsi la modélisation et la visualisation du territoire urbain entier ainsi que de toutes ses composantes. Les principaux composants de cette visualisation géo numérique globale sont :
Les maquettes BIM des bâtiments de la ville,
Les données topographiques du territoire,
Les maquettes du sous-sol.
L’intégration directe des maquettes BIM dans l’environnement CIM permet ainsi de replacer chaque bâtiment dans son contexte réel, offrant une compréhension de son insertion urbaine et de ses interactions avec le territoire. Les données topographiques, définissant la forme du terrain permettent de restituer le territoire dans son contexte naturel. L’ajout des sous-sols complète l’ensemble en modélisant les réseaux souterrains et les infrastructures.
Utilisant le format CityGML, le City Information Modeling (CIM) ne se limite pas au BIM, mais s’en distingue en étendant la modélisation à l’échelle urbaine et territoriale, tout en permettant l’attribution de nombreuses caractéristiques aux objets qui le composent. Ces données peuvent être de nature variée, notamment :
Informations techniques : nature des matériaux, équipements, performances, typologie des réseaux,
Informations environnementales : indicateurs de performance énergétique, suivi des flux, cartographie des risques,
Informations réglementaires : données cadastrales et foncières, zonage, droits de propriété,
Informations temporelles et financières : plannings de travaux, opérations programmées, suivi budgétaire,
Informations liées à l’usage et à la gestion : états des actifs, maintenance, tableaux de bord, indicateurs de gestion.
Ces données peuvent provenir de sources internes à l’organisation (services patrimoine, urbanisme, infrastructures, etc.) ou être issues de bases open data disponibles à l’échelle locale, nationale ou internationale.
Le City Information Modeling au service de la stratégie patrimoniale…
Au-delà de la simple maquette 3D, le City Information Modeling est désormais reconnu comme un véritable outil de gestion stratégique du patrimoine bâti, alliant gestion des données et aide à la gouvernance. Il se met au service d’une grande variété de projets, qu’il s’agisse de projets de recensement des actifs et de consolidation de bases de données bâtimentaires, ou du suivi d’opérations de maintenance, de travaux, voire de projets de transformation à plus grande échelle.
Le City Information Modeling offre une visualisation claire et synthétique des enjeux techniques, économiques et environnementaux liés au patrimoine. En croisant les données spatiales, réglementaires et financières, il facilite les analyses pour prioriser les investissements. Les représentations produites permettent de rendre les arbitrages plus transparents et argumentés. Le CIM devient ainsi un véritable support à la décision et contribue à aligner les choix opérationnels avec les objectifs stratégiques.
… et de la transparence des données et des arbitrages
Grâce à ses visualisations accessibles et à son fonctionnement coopératif, le CIM permet de centraliser les données dans un modèle partagé et compréhensible par l’ensemble des acteurs concernés. Il contribue ainsi à dépasser le fonctionnement en silos, en facilitant la circulation de l’information entre les services, mais aussi vers les parties prenantes. En créant un référentiel commun, il se révèle être un levier de transparence et de transversalité dans la gestion des données patrimoniales.
Bien plus qu’un simple outil technique, le CIM s’avère être un véritable support de communication dans les projets. Ses représentations interactives facilitent les échanges entre les parties prenantes, qu’elles soient techniques, politiques ou citoyennes. L’accessibilité des visualisations permet de rendre compréhensibles des projets souvent complexes, en clarifiant leurs enjeux et leurs impacts.
Illustration de l’usage du CIM par des collectivités
De plus en plus de collectivités s’emparent du CIM pour structurer et valoriser leur patrimoine et leurs données. Souvent intégré dans un écosystème existant et composé d’outils comme la GMAO, le SIG ou encore le BIM, le CIM vient enrichir la gestion des actifs en apportant une dimension territoriale.
A Rennes, par exemple, la ville a développé une maquette 3D participative permettant la visualisation de données et d’itinéraires, mais qui permet également la contribution par les habitants.
À Angers, le CIM s’inscrit dans le cadre plus large du programme « Territoire intelligent ». La maquette numérique y est couplée à un réseau de capteurs et de données urbaines, permettant de simuler l’impact des projets d’aménagement ou des politiques de développement durable.
Limites actuelles
Malgré les nombreux bénéfices de l’utilisation du CIM, la réalité opérationnelle peut parfois être plus contrastée. En effet, sa démocratisation se heurte à plusieurs obstacles. Nombreux sont les acteurs disposant déjà de processus éprouvés, rendant l’adoption de nouvelles méthodes plus difficile. La création et l’entretien de la maquette numérique peuvent également s’avérer lourds : le CIM impose de nouvelles contraintes techniques et un certain niveau de rigueur. Il complexifie parfois la communication en multipliant les intervenants et en nécessitant la mise en place de règles pour assurer la fluidité et la transparence des informations. Pour autant, ces défis ne remettent pas en cause l’intérêt du CIM. Bien au contraire, l’adopter dans son processus d’évolution ouvre la voie à une gestion d’actifs stratégique et data-drivée.
Cependant, l’intégration d’outils numériques ne peut s’effectuer sans une bonne connaissance de son patrimoine, une base de données fiable et une stratégie. Grâce à son expertise en gestion d’actifs, tbmaestro est en mesure de vous accompagner sur la consolidation de vos connaissances et l’établissement d’une stratégie dans le cadre de missions comme les schémas directeurs immobiliers et énergétiques (SDIE).
Mots clés : CIM, City Information Modeling, données patrimoniales, gestion d’actifs, maquette numérique, BIM
Bidault, L. (2023, 15 novembre). Les enjeux du processus CIM et du processus TIM. NovLaw Avocats – Droit des Affaires – Droit Immobilier – Droit du Travail. https://novlaw.fr/les-enjeux-du-cim-et-du-tim/
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