Comment les JO de Paris 2024 essayent de rendre leur événement plus durable ?

26 Oct, 2022

Les Jeux olympiques, existant depuis l’antiquité, et remis au goût du jour à la fin du XIXème siècle par Pierre de Coubertin, ainsi que les Jeux paralympiques datant de 1960, rassemblent aujourd’hui de nombreux athlètes représentant tous les pays du monde. Les JO ont lieu tous les quatre ans, et durent seulement 16 jours pour les athlètes olympiques et 11 jours pour les athlètes paralympiques. Bien que cet événement soit surmédiatisé et prestigieux, l’impact environnemental, à l’échelle globale et locale est très important, et souvent vivement critiqué par l’opinion publique. Face à l’urgence climatique à laquelle nous sommes confrontés, et que nous avons pu observer ces derniers mois, il est indispensable de s’adapter afin de rendre ce genre d’événement plus durable et cohérent.

Impact environnemental

Depuis la création de cet événement en 1896, et jusqu’à peu, l’impact environnemental des JO n’était pas du tout pris en compte par le Comité International Olympique (CIO) dans le choix des villes-hôtes. Si nous prenons en exemple les éditions d’hiver et d’été depuis 2014, nous pouvons observer la destruction massive de nombreuses forêts autour de Sotchi en 2014 pour construire tous types d’infrastructures. Mais également l’utilisation de 8 millions de m3 d’eau pour une moyenne mondiale annuelle de 1 385 m3 par habitant, ainsi que l’émission de 3,6 millions de tonnes de CO2 à Rio en 2016 pour une moyenne brésilienne annuelle de 2,28 tonnes de CO2 par habitants, ou encore la construction de pistes de ski artificielles impliquant la destruction d’une grande partie des forêts primaires de la Corée du Sud.

Tous ces chiffres ont amené le CIO à prendre des décisions radicales pour le futur, à savoir, la négativité du bilan carbone pour toutes les éditions à partir de 2030.

En ce sens, l’objectif de Paris 2024 est de devenir le premier grand événement sportif à contribution positive pour le climat. L’organisation de Paris 2024 annonce ainsi que ces Jeux seront « les plus verts de l’histoire ». C’est une première dans l’histoire des Jeux olympiques, et des grands événements sportifs de manière générale, de se pencher sur ces questions et se fixer un budget carbone à respecter, bien en amont de l’événement.

« Nous nous engageons à organiser des Jeux Olympiques et Paralympiques d’une nouvelle ère ; des Jeux qui contribuent à leur niveau à la transformation écologique de la société. » Organisation Paris 2024

Différentes initiatives pour un événement durable

Pour ce faire, l’organisation Paris 2024 utilise des solutions innovantes et inédites.

Dans un premier temps, la ville a adopté une politique de construction qui tranche avec les précédents Jeux. La différence majeure avec l’ensemble des éditions précédentes est la forte utilisation de bâtiments et infrastructures déjà existants ou temporaires. En effet, ce choix limite les constructions, et par conséquent l’impact carbone associé. Cette utilisation de l’existant est aussi un moyen d’éviter la question du devenir et de l’entretien des infrastructures construites et indirectement l’abandon des infrastructures post-événement, comme cela a tristement été le cas à Rio en 2016, où la justice brésilienne a ordonné la fermeture de la plupart des installations, pour manque de certificat de sécurité. À Pyeongchang en 2018, la situation a été similaire, puisque le gouvernement avait fait le pari d’un boom touristique, qui n’a finalement pas eu lieu, pour cause de désintérêt des sports d’hiver dans le pays. D’une manière générale, cela a été le cas pour globalement toutes les éditions, à l’exception de Los Angeles 1984 et Londres 2012, qui avaient opté pour le choix d’utilisation de sites majoritairement déjà existants.

C’est en ce sens, qu’il est prévu d’utiliser 95% d’infrastructures déjà existantes ou temporaires en 2024 : parmi le merveilleux patrimoine architectural de Paris, citons notamment les Invalides, l’Arena Bercy, le complexe de Roland-Garros, l’Hôtel de ville, le Stade de France, le Parc des Princes, ou encore l’Arena Paris la Défense. Paris peut se permettre ce choix car la ville est déjà dotée de nombreux complexes sportifs et de possibilités de développement d’infrastructures temporaires, ce qui n’est pas le cas de toutes les villes olympiques du passé.

Évidemment, l’utilisation de structures existantes, implique des travaux de rénovation, d’aménagement, et de mise en conformité sur certaines structures afin de pouvoir accueillir les athlètes et spectateurs dans les meilleures conditions possibles. Néanmoins, ces travaux ne sont pas d’une ampleur comparable avec des constructions neuves à foison.

Au total, uniquement deux sites seront construits pour l’occasion : le centre aquatique de Saint-Denis et le village olympique et paralympique, véritable futur écoquartier. Le premier, le centre aquatique, est composé de trois bassins ; c’est une excellente nouvelle pour le département de Seine-Saint-Denis qui héritera de ces derniers après cet événement, et qui lui permettra de palier partiellement son retard en termes d’offre pour ce type d’infrastructures, et permettra ainsi de favoriser l’apprentissage de cette activité pour les plus jeunes. Ce projet répond donc à la fois aux besoins du CIO, mais également à ceux de la population locale, qui devrait bénéficier des retombées positives de cet événement.    

Le second site construit pour Paris 2024, est le village olympique de Seine-Saint-Denis. Dans le but de continuer à répondre aux problématiques environnementales, il est prévu d’utiliser le principe des bâtiments réversibles, concept de plus en plus tendance. C’est ainsi que le « permis à double détente » va être adopté, il permet d’autoriser deux projets : un projet transitoire et un projet définitif. Il est donc impératif de concevoir des espaces facilement transformables, notamment au niveau structurel en utilisant une trame structurelle simple type poteau-poutre avec des cloisons démontables permettant une réversibilité facile. Un des emblèmes de cette façon de construire est l’écoquartier fluvial « Empreintes », qui hébergera 14 500 personnes et des services connexes durant l’été 2024, et qui sera ensuite transformé en véritable quartier dynamique à partir de 2025, comprenant plus de 2 800 nouveaux logements familiaux, 800 logements en résidence, une résidence étudiante, deux nouveaux groupes scolaires, des espaces verts et des bureaux et commerces de proximité. Ce genre d’opération, présente des contraintes, par exemple, dans les appartements créés pour les JO, l’absence de cuisine est imposée, afin que les athlètes aillent se restaurer dans une cantine géante commune. Pour contourner cette exigence, il a été décidé d’implanter deux salles de bain par logement, dans le but d’en transformer une en cuisine par la suite. Ce type de transformation est synonyme d’un grand travail de conception en amont. Il faut ainsi penser à la localisation des réseaux, ou même aux systèmes structurels, pour rendre ces espaces évolutifs et adaptables.

De manière générale, pour le village olympique et paralympique, l’objectif est de créer différents quartiers constitués de salles de réunions, de bureaux pour le CIO, de logements ou encore de lieux de restauration, qui seront par la suite transformés en un quartier de vie, synonyme de levier de développement pour ce département, qui manque fortement de logements.

Avec cette méthodologie de construction réversible, il est dorénavant facile d’adapter un bâtiment pour changer sa fonction grâce au permis « à double détente », sans pour autant le détruire et reconstruire du neuf, comme cela était le cas jusqu’alors. C’est un moyen qui permet de répondre aux problématiques auxquelles font face les organisations de tels événements au fort impact environnemental.

Pour cocher la case de la sobriété à l’échelle globale du projet, il est important de noter que de nombreux autres efforts sont prévus, comme l’utilisation de 96% du béton issu des déconstructions préalables aux chantiers sur la voirie, le recyclage de certains échafaudages en candélabres, l’utilisation de thermofrigopompes au lieu de systèmes de climatisation traditionnelle ou encore l’implantation de façades à ossature bois et au béton bas carbone.

La position prise par l’organisation des Jeux olympiques 2024, présente donc une fracture avec ce qui a été fait depuis plus d’un siècle, et qui était une course à la démesure (flamme olympique dans l’espace pour Sotchi, dépendance à 100% de la neige artificielle pour Pékin). Il y a donc une réelle volonté de prendre en compte les problématiques sociétales et environnementales dans la conception des espaces, afin de limiter au maximum l’impact carbone, et de rendre cet événement durable. L’objectif est double, puisqu’il permet parallèlement de développer et dynamiser une zone, après l’organisation d’un tel événement et d’éviter les abandons si courants lors des dernières éditions. Cela demande, certes, des infrastructures déjà en place dans les villes sélectionnées, et un travail important durant la phase d’étude et de conception intégrant la dimension d’héritage post-JO dans la stratégie, mais c’est très probablement un effort à fournir dorénavant, si l’on veut respecter les objectifs annoncés par le CIO cohérents avec les enjeux actuels. 

Dans ce contexte de réutilisation des bâtiments existants et d’adaptation des nouvelles installations, une aide à la décision paraît nécessaire aux collectivités pour connaître le patrimoine existant et évaluer leur potentiel de mutation. tbmaestro, dans ce cadre d’aide à la décision, peut accompagner les maîtres d’ouvrage pour élaborer une stratégie patrimoniale à long terme et ainsi optimiser au mieux leur parc immobilier, pour le rendre ainsi plus durable.


Mot clé principal : JO 2024, un événement durable.

Mots clés : Réutilisation, réversibilité, durable, impact environnemental, sobriété, adaptation.

Date de l’article : 26/10/2022

Rédacteur : Marc Darricarrère

Sources :

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