Rénover l’éclairage public, ou comment éclairer mieux et utile

2 Mai, 2023

Avec la forte hausse actuelle des prix de l’énergie, les collectivités doivent faire face à une augmentation des frais de fonctionnement de leurs installations d’éclairage public. Les consommations liées représentent 37 % des factures d’électricité totales. Il s’agit d’une part importante ne pouvant être négligée, arrivant en deuxième sur le podium des postes de consommation d’énergie des communes (avec 12 % des consommations et 18 % des coûts d’énergie). Faire des économies sur ces postes est aujourd’hui un enjeu prioritaire.

Suivant ce constat que l’Etat souhaite aujourd’hui conduire une véritable politique de rénovation de l’éclairage, afin de retrouver une maîtrise « éclairée » de celui-ci. De multiples facteurs entrent en jeu :

  • Maîtriser la consommation d’énergie.
  • Diminuer les nuisances lumineuses.
  • Sécuriser les personnes et les biens.
  • Collecter et recycler le matériel usagé.

Cette politique doit cependant être examinée attentivement en amont, et ceci afin de prendre en compte l’ensemble des effets pouvant en résulter. Les collectivités, acteurs centraux de cette rénovation, en ont conscience, et certaines ont déjà pris des mesures pour répondre à l’urgence de l’augmentation des prix. Qu’en est-il actuellement ?

Eclairer moins pour moins consommer : le choix à court terme des collectivités

Lors d’un récent sondage organisé par l’Association des Maires de France, il est ressorti que 90 % des maires envisagent de réduire l’intensité et l’amplitude horaire de l’éclairage public de leurs communes.

Dans un souci d’économie budgétaire, certaines communes ont en effet pris la décision de l’extinction totale des lumières dans les rues durant une partie de la nuit et pendant l’été pour faire face à la hausse des coûts de consommation électrique. Ces actions permettent en effet de faire des économies à très court terme et ainsi d’investir dans la rénovation énergétique. Certains élus reconnaissent également les bienfaits écologiques de cette mesure, qui permet de réduire la pollution lumineuse et les impacts sur la biodiversité.

Mais si la décision d’éteindre les lumières extérieures permet de répondre à une situation budgétaire urgente, il est nécessaire de mener en amont une analyse des besoins du territoire afin d’identifier les contraintes potentielles. Pour certaines communes, il a été décidé de conserver l’éclairage sur des quartiers dit « stratégiques » tels que les centres-villes ou les axes routiers. De même, limiter l’éclairage peut entraîner un sentiment d’insécurité pour certains habitants des collectivités. Si pour celles de petite taille pratiquant la mesure, aucun retour défavorable lié à la sécurité n’a été constaté, ce n’est pas le cas pour les villes plus peuplées. Certaines ont dû faire marche arrière au vu des plaintes des habitants mettant en cause des problèmes de sécurité routière ou d’agressions.

Enfin, pour certains élus cette mesure a été décidée il y a quelques années déjà, et s’est adaptée aux différentes contraintes du territoire tout en permettant à la collectivité d’être plus sereine vis-à-vis de son budget.

Rénover le parc d’éclairage public pour éclairer mieux plutôt que moins

Toutefois, si l’action de limiter l’éclairage la nuit permet d’assurer à très court terme une économie, elle ne résout en rien l’état de vétusté des installations énergivores. Plus de la moitié du parc d’éclairage public est actuellement obsolète et surconsommateur en matière d’énergie. De fait, près de 40 % des luminaires en service ont aujourd’hui plus de 25 ans (AFE 2017). Et les installations qui ont entre 40 et 50 ans doivent être changées dans 90 % des cas (AFE 2018). Il est donc aujourd’hui nécessaire de conduire une véritable politique de rénovation de l’éclairage public.

La transformation du système d’éclairage public via le passage au LED, a déjà été entreprise par certaines collectivités. Sur les 9,5 millions de points lumineux publics en France, 10 % sont des LED. Les autres technologies sont des lampes à vapeur de mercure (30 %) et des lampes au sodium (60 %). L’Etat souhaite ainsi étendre ce renouvellement des installations les plus vétustes pour l’ensemble du territoire, via des financements adéquats tels que le Fonds Vert.

Des exemples de rénovations montrent que l’éclairage LED permet une diminution de 50 % de la consommation électrique et donc un retour sur investissement rapide, inférieur à 5 ans. Par la modernisation du parc d’éclairage, cette rénovation peut également offrir de nouveaux services aux citoyens et aux collectivités, tels que des bornes de recharges, des installations de vidéoprotection et de sonorisation, ou des systèmes de gestion du stationnement.

Enfin, les collectivités peuvent également se dessaisir de la compétence « éclairage public », en la mutualisant auprès de prestataires privés d’exploitation. Recourir aux marchés globaux de performance énergétique permet de rémunérer les titulaires en fonction des objectifs fixés contractuellement, d’ajouter des obligations d’insertion sociale et environnementale, et de mobiliser plus de sources de financement. Une tendance qui, cependant, s’applique plus efficacement sur des collectivités de grande taille, les petites communes étant en effet moins bien bâties pour passer et suivre ce type de marché.

Repenser la rénovation pour garantir la protection optimale de la biodiversité 

Les actions de rénovation du parc d’éclairage public, pour être éligibles au Fonds vert, doivent contribuer à la sobriété énergétique, à la protection de la biodiversité, et à la réduction de la pollution lumineuse. La transition des appareils d’éclairage extérieurs public actuels à la technologie LED fait cependant débat concernant ces deux derniers points. Des scientifiques britanniques ont en effet montré dans une étude que l’éclairage nocturne artificiel peut entraîner des risques environnementaux sur la biodiversité.

A l’échelle mondiale, c’est une grande partie du stock d’éclairage extérieur qui est en train de passer de lampes à « spectre étroit » (lampes à sodium basse pression) à des lampes à « spectre large blanc » (LED). L’installation de ces lampes blanches s’est imposée en Europe ces 20 dernières années, car vantées pour leur vertu économique. Mais l’étude du magazine Science a montré que cette surconsommation du LED entraine une augmentation de 10% par an de la pollution lumineuse, soit la présence nocturne anormale de lumière artificielle néfaste pour la biodiversité. Cela s’explique en partie par un « effet rebond », où l’efficacité énergétique et le coût économique avantageux associé ont entrainé une augmentation de la demande en éclairage. On observe en effet une progression du nombre de points lumineux de 30% en 15 ans.

Quels sont les impacts de cette pollution lumineuse ? L’éclairage LED, avec son spectre lumineux émettant une lumière aux longueurs d’onde bleues, influe sur les phénomènes biologiques, tels que la suppression de la mélatonine (hormone permettant l’organisation temporelle biologique) et de la phototaxie (mouvement des organismes en fonction de la lumière naturelle), ou la perte de visibilité des étoiles. Ces bouleversements peuvent dérègler les cycles naturels d’éveil et de sommeil des espèces (y compris les êtres humains), tout comme leur capacité à se mouvoir et à réaliser les activités nécessaires à leur survie (s’alimenter, se reproduire, se reposer, etc.).

Pour limiter ces impacts, les collectivités ont notamment, et dès à présent, proposé des projets de diminution de la pollution lumineuse et de protection de la biodiversité : la création de trames noires nocturnes (non éclairées) pour le passage de la faune, la mise en place de variateurs d’intensité permettant de régler la luminosité de l’éclairage public en fonction des besoins, et l’installation de capteurs de présence adaptant l’éclairage selon la présence de piétons et de véhicules.

Une rénovation raisonnée, permettant d’éclairer mieux et utile

Ainsi, de nombreux phénomènes biologiques sont dépendants de la lumière et sensibles aux émissions bleues. Les impacts d’une transition globale de notre système d’éclairage au LED sont étendus et doivent être questionnés. Un examen minutieux des conséquences environnementales et sanitaires de cette transition doit être mené, pour qu’elle puisse être abordée en toute connaissance de cause par les collectivités. Les mesures de rénovation du parc d’éclairage public doivent donc répondre à ces critères précis :

  • Une modernisation du parc ancien ayant plus de 25 ans et du parc dont il peut être démontré l’existence d’une obsolescence accélérée.
  • Une diminution du nombre de points lumineux et une baisse importante de la puissance d’éclairement (au moins 25 %).
  • Une mise en place de l’extinction d’une partie de l’éclairage durant une partie de la nuit pour des zones identifiées, ou la mise en place d’appareils intelligents détecteurs de mouvement.
  • Un recours aux énergies renouvelables pour l’alimentation des appareils d’éclairage (alimentation en énergie solaire…).
  • Une large protection de la biodiversité, en utilisant des températures d’éclairage proche du jaune et de l’orange : la température de couleur des luminaires installés ne doit pas dépasser un certain seuil en agglomération et hors agglomération (2700 K) et dans les espaces protégés (2400 K).

Afin de prendre les meilleures décisions quant à la rénovation du parc d’éclairage extérieur public, il est donc utile que les collectivités puissent être accompagnées dans l’amélioration de la connaissance de l’état de vétusté des équipements, la maîtrise des risques et la priorisation des investissements. La mise en place d’un schéma directeur permet, notamment au travers d’un audit 360°, de définir la stratégie à adopter en planifiant les actions à mener dans le temps, tout en prenant en compte l’ensemble des ressources (financières, matérielles, humaines) à disposition des collectivités. Cette prestation clé, que propose tbmaestro, s’adapte tout particulièrement aux enjeux induits par la rénovation du parc d’éclairage public.


Mots clés : Eclairage public, Fond Verts, rénovation énergétique, aménagement, protection de la biodiversité, LED, urbanisme, financement

Date de l’article : 02/05/2023

Rédacteur :

Sources :

https://www.lagazettedescommunes.com/845081/eclairons-mieux-plutot-que-moins/

https://mrmondialisation.org/pollution-lumineuse-les-degats-de-leclairage-led/

https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.abl6891#

https://aides-territoires.beta.gouv.fr/aides/7d35-renover-les-parcs-de-luminaires-declairage-pu/

https://www.lagazettedescommunes.com/837154/au-congres-des-maires-lextinction-de-leclairage-public-a-ses-adeptes/

https://expertises.ademe.fr/collectivites-secteur-public/patrimoine-communes-comment-passer-a-laction/eclairage-public-gisement-deconomies-denergie

https://expertises.ademe.fr/collectivites-secteur-public/patrimoine-communes-comment-passer-a-laction/eclairage-public-gisement-deconomies-denergie/eclairage-public-faire-bilan

https://www.lagazettedescommunes.com/826284/eclairage-public-la-situation-durgence-amene-a-se-precipiter-en-oubliant-les-problemes-de-fond/?abo=1

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