Il est important de prendre conscience de l’impact du secteur du bâtiment, et encore plus des constructions neuves en termes d’émissions de CO2. Face à ces problématiques environnementales, des pistes de solutions voient le jour (travail sur les matériaux utilisés, amélioration de la performance énergétique, réhabilitation, etc.). Focus sur une solution qui émerge ces dernières années : la mise en place de conteneurs ayant servis au transport de marchandises, réutilisés pour créer des bâtiments. En effet, chaque année, 500 millions de conteneurs circulent dans le monde, et il est estimé qu’un conteneur peut vivre 15 ans en utilisation, mais qu’il peut durer beaucoup plus longtemps si celui-ci ne voyage plus.
Commençons par présenter ce fameux conteneur de transport de marchandise, c’est une grande caisse métallique aux dimensions standards. Deux tailles sont principalement utilisées :
- Les Dry 20 pieds, d’une surface intérieure de 13.8 m² (5,89 x 2,35 mètres) et d’une hauteur intérieure de 2,39 mètres, pour un volume total de 33,2 m3 ;
- Les Dry 40 pieds, d’une surface intérieure de 28.3 m² (12,03 x 2,35 mètres) et d’une hauteur intérieure de 2,40 mètres, pour un volume total de 67 m3.
Initialement conçus pour transporter des marchandises via le fret maritime, ils présentent des caractéristiques techniques intéressantes les rendant particulièrement attractifs : leur structure en acier de 5 mm d’épaisseur est étanche à l’eau et à l’air. Adaptés pour une durée de 12 à 15 ans, pour des séries de voyages réguliers en haute mer, exposés à des contraintes météorologiques extrêmes, leur résistance n’est plus à prouver, et leur durée de vie totale dépasse facilement les 50 ans !
C’est dans les années 90, en Chine, que l’idée d’utiliser des conteneurs comme habitations temporaires a émergé en réponse à la crise économique, qui avait rendu l’accès au logement difficile. Depuis les années 2000, l’utilisation des conteneurs a progressivement gagné en popularité, en particulier dans les pays nordiques, évoluant progressivement vers la reconnaissance en tant que concept de construction à part entière. Ainsi, les conteneurs connaissent une seconde vie, devenant une option immobilière attrayante.
Quels sont les avantages ?
Cette méthode de construction présente de nombreux avantages, tant sur le plan environnemental, économique et technique, notamment au niveau de la facilité et de la rapidité à les mettre en place, tout comme la possibilité de les joindre et créer toutes sortes de configurations.
- Un conteneur étant déjà une structure préconstruite, il ne nécessite pas de lourdes fondations, une simple dalle ou des plots en béton suffisent pour réceptionner le conteneur, c’est donc un chantier sec. Il peut être pertinent de raccorder les réseaux techniques en amont afin d’éviter toute complication. Il faut ensuite procéder à une isolation et un aménagement intérieur, également possibles en usine. La durée globale de construction est donc fortement réduite car le plus gros d’un chantier est évité (maçonneries, structure, charpente, etc.). Les conteneurs étant autoportants, les calculs de structure sont donc inutiles, permettant de retirer une étape. En somme, la durée totale d’un chantier est estimée à 70% de moins qu’une construction classique en béton.
- Au niveau financier, le prix d’une extension en conteneur est en moyenne 15 à 25% moins cher qu’une extension classique.
- La nature modulaire des conteneurs offre une grande souplesse. Ils peuvent en effet s’empiler et s’assembler entre eux, pour créer un bâtiment sur mesure et évolutif. Une grande variété d’aménagements est donc possible.
- L’empreinte environnementale d’un projet utilisant des conteneurs est minime en comparaison d’un chantier classique, se limitant au transport, à la préparation du terrain et à l’aménagement intérieur. Le recours à des conteneurs recyclés diminue la nécessité de nouvelles ressources en réutilisant des matériaux existants, ce qui joue un rôle significatif dans la préservation des ressources naturelles et la réduction des déchets. Ainsi, les constructions en conteneurs se positionnent comme une option respectueuse de l’environnement.
- Par ailleurs, la perspective du recyclage des constructions en conteneurs à la fin de leur cycle de vie est notable. En effet, les conteneurs maritimes utilisés pour ces constructions sont généralement conçus en acier, un matériau qui peut être recyclé. La procédure de recyclage implique fréquemment la déconstruction de la structure, le tri des matériaux, ainsi que la récupération de l’acier en vue d’une utilisation future. Le recyclage des constructions en conteneurs offre des avantages environnementaux en diminuant la demande de nouveaux matériaux et en limitant les déchets de construction. L’intégration de pratiques de construction durables et la considération du recyclage dès la conception de l’aménagement intérieur peuvent contribuer à rendre le processus de recyclage des conteneurs plus efficient et respectueux de l’environnement.
- Enfin, le dernier avantage est lié à sa toiture plate, ne nécessitant pas d’être recouverte, et laissant la possibilité à un aménagement en toit-terrasse ou même et toiture végétalisée.
Et les inconvénients ?
Toutefois, il convient de relever certains aspects négatifs.
- La contrainte de ventilation intérieure est primordiale, car aux vues de sa forte étanchéité à l’air, le conteneur peut rapidement présenter des signes d’humidité sans adaptation préalable.
- L’aménagement intérieur peut poser des défis en raison de l’étroitesse (2,5 mètres de large), qui ne correspond pas toujours aux exigences de certains projets ou réglementations, comme l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite (PMR) l’illustre. En assemblant les modules entre eux et en découpant des parois intérieures, il est possible d’augmenter la surface disponible et de résoudre ce problème.
- La forme rectangulaire standard des conteneurs peut limiter la créativité architecturale par rapport aux constructions traditionnelles. Bien que des solutions innovantes existent pour surmonter ces limites, cela peut nécessiter des compétences et des ressources supplémentaires. Cependant, la structure et la modularité ne doivent pas conduire les concepteurs à adopter une approche simpliste, se limitant à l’assemblage juxtaposé des éléments. Autrement, il existe le risque de ne pas disposer d’espaces convenablement aménagés et fonctionnels.
- En ce qui concerne les propriétés thermiques, le métal, caractérisé par des performances thermiques limitées, ne se positionne pas comme le matériau optimal. Ainsi, l’isolation revêt une importance capitale, qu’elle soit effectuée de l’intérieur ou de l’extérieur. De manière similaire, la gestion de l’isolation acoustique peut présenter des défis, le métal étant capable de conduire aisément le bruit.
- La résistance au feu d’un conteneur utilisé dans la construction est tributaire de divers paramètres, notamment les matériaux employés pour l’aménagement intérieur et extérieur. Les conteneurs métalliques présentent une résistance inhérente au feu grâce à leur composition en acier. Néanmoins, la durée pendant laquelle la structure résiste au feu peut être influencée par les matériaux isolants, les revêtements intérieurs et extérieurs, ainsi que d’autres composants de construction. L’amélioration de la résistance au feu du conteneur est envisageable par l’intégration de matériaux ignifuges et de systèmes de protection incendie. En général, la capacité d’une construction en conteneur à résister au feu peut être comparable à celle des structures traditionnelles, sous réserve de la mise en place de mesures de sécurité adéquates.
- L’inclusion d’un bâtiment en conteneurs dans le Plan Local d’Urbanisme (PLU) dépend des réglementations propres à chaque collectivité. L’obtention d’un permis de construire peut varier en facilité selon les règles locales. L’utilisation d’un revêtement extérieur tel que du bois, du crépi ou de la pierre peut constituer une solution pour s’harmoniser avec le style architectural prédominant de la région. Dans certaines zones, les constructions en conteneurs recyclés peuvent être soumises à des réglementations strictes, nécessitant des permis spécifiques. Les autorités locales peuvent imposer des normes plus élevées en termes de sécurité et d’isolation, ce qui peut représenter des obstacles bureaucratiques supplémentaires pour certains projets.
En résumé, lorsque les défis potentiels sont pris en compte et que la conception est réalisée avec soin, les constructions en conteneurs recyclés peuvent certainement répondre aux exigences de durabilité et de pérennité. Elles offrent une approche innovante et respectueuse de l’environnement pour la construction, et leur adoption continue de croître dans le contexte de l’architecture durable.
tbmaestro accompagne des collectivités publiques et gestionnaires de patrimoine dans l’identification de problèmes d’occupation de leur parc immobilier. Fréquents sont les organismes dont les bâtiments sont saturés en termes de densité surfacique, surtout au niveau associatif ou du stockage. Lors de la réalisation d’un schéma directeur immobilier et énergétique (SDIE), tbmaestro préconise des opérations immobilières répondant aux problématiques de l’organisme. Il pourrait donc être pertinent de remplacer les constructions neuves et extensions, par la mise en place de locaux faits à base de conteneurs recyclés, solution innovante, plus rapide, plus économique et plus respectueuse de notre environnement.
Mots-clés : Conteneurs recyclés, extension durable, concept innovant, écoresponsable, facilité à mettre en place
Date de l’article : 27/02/2024
Rédacteur :
Sources :
https://www.greenkub.fr/extension-maison-conteneur
https://www.conteneur-z.com/fr/blog-1/les-conteneurs-perdus-les-conteneurs-recycles
Conteneur atlas – A practical guide to conteneur architecture, Gestalten & Slawik Han
Construire sa maison conteneur, Sébastien Chevriot & Elise Fossoux
