La gestion d’actifs des réseaux enterrés

16 Sep, 2025

Invisibles mais omniprésents, les réseaux enterrés jouent un rôle clé dans le fonctionnement des bâtiments et des territoires. Pourtant, ils restent souvent négligés dans les Schémas Directeurs Immobiliers. Cet article vise à clarifier ce que recouvrent ces réseaux, à identifier les enjeux liés à leur gestion, et à présenter les leviers disponibles pour évaluer leur état et planifier les investissements nécessaires à leur pérennité.

Qu’entend-on par réseaux enterrés ?

Les réseaux enterrés désignent l’ensemble des câbles, gaines et canalisations installés en souterrain. On distingue généralement deux grandes catégories :

  • Les réseaux secs : électricité, gaz, télécommunications
  • Les réseaux humides : eau potable, eaux usées, eaux pluviales, réseaux de chaleur

Chacun de ces réseaux répond à des fonctions essentielles pour le fonctionnement des bâtiments, des équipements publics et des services urbains.

Quels sont les enjeux autour de la gestion des réseaux enterrés ?

La gestion des réseaux enterrés soulève plusieurs enjeux majeurs, à commencer par la sécurité. Certains de ces réseaux transportent des fluides sous haute pression ou des substances dangereuses, ce qui expose à des risques de fuites ou d’explosions. Pour prévenir ces accidents, une réglementation stricte encadre leur implantation : distances minimales entre réseaux, codes couleur, profondeurs d’enfouissement, règles de remblaiement, etc. La norme NF P98-332, relative aux chaussées et dépendances, fixe notamment les distances à respecter entre les réseaux ainsi que les règles de cohabitation avec la végétation.

Légende : Les règles de distanciation des réseaux

Un second enjeu réside dans leur détection. Étant enterrés, ces réseaux invisibles sont difficiles à localiser, ce qui rend indispensable leur repérage en amont de tout chantier. La consultation des plans et la localisation précise des infrastructures sont obligatoires pour éviter les accidents (détérioration de câbles, ruptures de conduites, fuites de gaz, etc.).

Au-delà de ces aspects, la gestion des réseaux enterrés implique aussi des enjeux de coordination entre de multiples acteurs : collectivités, concessionnaires, exploitants, entreprises de travaux publics. Un partage efficace des données est essentiel pour garantir la fiabilité des informations et éviter les doublons ou incohérences dans les interventions.

Les réseaux enterrés soulèvent également des enjeux environnementaux, notamment lors des travaux de pose ou de maintenance. Ces interventions peuvent affecter les sols ou les écosystèmes locaux, et dans certains cas particuliers — par exemple en cas de fuite ou de terrassement profond — perturber temporairement les écoulements d’eau souterraine ou la qualité des nappes peu profondes.

Enfin, les erreurs de localisation ou les interventions non anticipées peuvent générer des coûts économiques significatifs (réparations, interruptions de service, retards de chantier). Une bonne gestion des réseaux permet donc aussi de réduire ces surcoûts et d’optimiser les budgets publics ou privés.

Tous ces enjeux montrent l’importance d’une gestion d’actifs physiques efficace de ces infrastructures souterraines. Comment les identifier ? Comment connaître leur état de vétusté ? Comment les maintenir dans le temps et planifier les investissements nécessaires à leur pérennité ?

Quelles sont les durées de vie théoriques de ces réseaux ?

L’état de vétusté des réseaux dépend tout d’abord du type de réseau (sec ou humide), du matériau utilisé (fonte, PEHD, PVC, cuivre, béton, etc.), des conditions d’installation (profondeur, type de sol, remblai, compactage, etc.), des charges supportées en surface (trafic, vibrations) et de la qualité de la maintenance réalisée. A titre indicatif :

  • Conduites en fonte : durée de vie entre 75 et 100 ans selon les conditions d’exploitation.
  • Canalisations en PVC : entre 80 et 100 ans.
  • Canalisations en PEHD (polyéthylène haute densité) : plus de 100 ans en conditions optimales.
  • Câbles électriques enterrés : 40 à 60 ans, parfois plus selon le niveau de tension et l’isolant.

Quelles solutions existent pour surveiller l’état des réseaux et planifier les investissements nécessaires en amont ?

La surveillance et l’évaluation de l’état des réseaux enterrés dépendent du type de réseau et de leur accessibilité. Il existe plusieurs outils et technologies permettant d’établir un diagnostic de l’état des réseaux :

  • Inspections robotisées et passages caméra : utilisées principalement dans les réseaux d’assainissement et d’eau potable pour détecter les défauts structurels (fissures, dépôts, intrusion de racines, corrosion, etc.).
  • Géoradar (GPR) : méthode non intrusive qui permet de localiser les réseaux et d’identifier des anomalies dans le sol ou la structure des conduites, notamment en zones mal cartographiées.
  • Méthodes acoustiques : notamment pour la détection de fuites sur les canalisations sous pression. Elles s’appuient sur l’écoute des bruits ou vibrations générés par une fuite.
  • Méthodes électromagnétiques et magnétiques : utilisées pour repérer des réseaux métalliques enterrés ou détecter des pertes de continuité dans une conduite.
  • Tests à la fumée ou à la fluorescéine : appliqués dans les réseaux d’assainissement pour repérer des défauts de raccordement, des intrusions d’eaux parasites ou des fuites vers l’environnement.
  • Tests de pression (épreuves hydrauliques) : permettent de vérifier ponctuellement l’étanchéité des conduites, notamment à l’issue d’une installation ou d’une réparation.
  • Télédétection par drone ou satellite (thermographie infrarouge) : utilisée ponctuellement pour localiser des fuites de réseaux de chaleur ou détecter des pertes thermiques en surface.
  • Capteurs intelligents et télémesures : installés en continu ou utilisés ponctuellement, ils permettent de mesurer des paramètres physiques comme le débit, la pression, la température, l’humidité ou la corrosion, en particulier dans les réseaux humides ou de chaleur. Ils facilitent la détection de fuites, d’obstructions ou d’anomalies de fonctionnement.
  • Systèmes d’information géographique (SIG) : bien qu’ils ne soient pas des outils de diagnostic physique, ils permettent de centraliser et de croiser les données relevées sur le terrain avec les données cartographiques existantes.
  • Modélisation 2D/3D des réseaux : facilite la compréhension de la configuration souterraine des infrastructures et appuie les analyses visuelles ou techniques.

Pour prévoir les investissements nécessaires, différentes approches sont possibles. En voici certaines :

  • Approche via le taux de renouvellement : c’est une méthode notamment utilisée par Eau de Paris qui déduit le taux de renouvellement par la méthode des courbes de survie. Autrement dit, le linéaire probable de canalisations hors service chaque année est estimé, en s’appuyant sur la durée de vie statistique de chaque type de canalisation.
  • Analyse multicritère : cette méthode est également utilisée par Eau de Paris, disposant d’un système baptisé Vicky. Leur système, couplé avec le SIG, recense les dernières interventions et centralise les données des infrastructures, ce qui permet de hiérarchiser les conduites à traiter en priorité, en se basant également sur des statistiques.
  • Planification budgétaire basée sur des indicateurs de vétusté : le rapport de l’ASTEE (Association Scientifique et Technique pour l’Eau et l’Environnement) propose une méthodologie complète de gestion patrimoniale : de la connaissance du patrimoine à son évaluation, jusqu’à planification d’un plan d’actions.
  • Elaborations de plans stratégiques fondés sur le diagnostic de l’existant, en prenant en compte le vieillissement des infrastructures et les urgences identifiées : dans son Schéma Décennal de Développement du Réseau (SDDR) datant de 2019, Rte consacre un chapitre au renouvellement du réseau existant. Ce rapport explique notamment devoir prendre en compte les urgences identifiées (plan corrosion, plan PSEM, plan Zéro-Phyto) en plus du vieillissement naturel des composants du réseau.

En conclusion, même s’ils sont invisibles, les réseaux enterrés représentent un enjeu majeur pour la gestion d’actifs physiques. Leur planification et leur entretien sont plus complexes, mais des solutions existent pour en évaluer l’état, anticiper les besoins de renouvellement et bâtir une stratégie d’investissement cohérente sur le long terme.

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Mots clefs : Réseaux enterrés

Date de l’article : 16.09.2025

Rédactrice :

Sources :

https://erp-services.fr/reseaux-enterres

https://www.eaudeparis.fr/sites/default/files/2022-05/2018_EDP_SDI_pap.pdf

https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-26513-astee-gpra.pdf

https://veille-eau.com/files/pdf/gestion-patrimoniale-services-eau-et-assainissement-analyse-des-couts.pdf

https://assets.rte-france.com/prod/public/2020-07/SDDR%202019%20Chapitre%2002%20-%20Le%20renouvellement%20du%20r%C3%A9seau%20existant.pdf

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