L’évolution des réponses bâtimentaires aux problématiques hospitalières

30 Jan, 2024

L’architecture des hôpitaux a été influencée par l’évolution de la médecine et de la chirurgie, faisant évoluer les bâtiments, et offrant en retour un témoignage figé dans la pierre de l’état de la pratique de chaque époque.

Structures essentielles de nos territoires, les hôpitaux ont évolué en suivant les avancés de la médecine et des sociétés, marquant ainsi le paysage architectural. Le premier exemple est l’hospice médiéval, généralement nommé Hôtel-Dieu, présent dans de nombreuse ville française : il est récurrent à la toponymie urbaine du pays. Il s’agit bien initialement d’un lieu où les malades étaient tous réunis dans une pièce unique, avant le concile de Trente en 1542, puis deux pièces séparant les hommes des femmes, et l’absence de salle d’opération, la chirurgie étant interdite par l’église. L’objectif de l’époque était alors le salut de l’âme, la messe devait pouvoir être entendue par chaque malade. Le bâtiment, centré autour du lieu de culte, qui cède sa place petit à petit au modèle de l’hôpital pavillonnaire.

Apparaissant au XVIIIème siècle, ce modèle propose de cloisonner les pathologies dans chaque pavillon composant l’ensemble hospitalier afin de faciliter le renouvellement de l’air. Il répond alors aux préoccupations de l’époque : la théorie des miasmes. Ces derniers propageraient les maladies dans l’air, le meilleur exemple étant la malnommée malaria, « mauvais air » en italien, alors que la transmission s’opère via les moustiques comme cela sera découvert en 1897. Ces préoccupations de l’époque hygiéniste se traduisent par des hôpitaux conçus sous forme de « U ». Au fond, se trouve généralement une chapelle et au centre du complexe les bâtiments des soignants. C’est à cette époque-là qu’apparaissent les premiers blocs opératoires. Citons par exemple l’hôpital militaire de la marine royale de Stonehouse à proximité de Plymouth, l’hôpital de la marine de Rochefort ou encore l’hôpital de Lariboisière à Paris.

Plan de l’hôpital de Lariboisière : https://journals.openedition.org/insitu/1903

Au début du XXème siècle, la théorie des miasmes perd en crédit, la Première Guerre Mondiale a marqué l’avènement des antibiotiques, de l’asepsie et de la radiologie. Le modèle de l’hôpital doit donc s’adapter, les pavillons étant moins fonctionnels, augmentant les distances à parcourir, la centralisation des activités devient une nécessité. L’hôpital bloc ou monobloc se développe donc en réponse à ces évolutions. Les Etats-Unis sont les précurseurs de ce modèle en hauteur, de 7 à 15 étages, grâce à l’arrivé de nouveau matériaux de construction. Il présente enfin l’avantage de s’adapter à la contrainte foncière des villes grandissantes. Il est le modèle majeur du siècle dernier, avec notamment en France l’emblématique hôpital Beaujon à Clichy, inauguré en 1935.

Hôpital Beaujon Clichy : https://www.ville-clichy.fr/97-hopital-beaujon-clichy.htm

A la même période, les bâtiments d’Edouard Herriot ouvrent à Lyon, sur le principe pavillonnaire. Programmé avant la Grande Guerre, il est le dernier de ce genre à être construit. Cependant, il reste important de préciser que le modèle pavillonnaire garde une prégnance pour les asiles, les psychiatres refusant le monobloc pour son manque d’espaces extérieurs.

Le monobloc présente diverses formes : le socle où se situent les blocs opératoires et sur cette base montent les étages d’hébergement. Une évolution arrive à partir des années 80 avec des hôpitaux dits poly-blocs, moins hauts, occupant une plus grande surface au sol, et limitant l’empilement des fonctionnalités. En effet, les techniques médicales évoluent rapidement, et imposent régulièrement une mise à jour des équipements et des locaux. Ainsi, séparer les fonctions permet de plus facilement intervenir pour réaménager les sites.  

Il est donc essentiel de considérer notre incapacité à prévoir l’évolution des techniques et des équipements. En offrant, par exemple dès la conception du bâtiment, la plus grande flexibilité, modularité, possible. Des réponses semblent se développer, certains hôpitaux se qualifiant aujourd’hui de « monospace ». Ce bloc est organisé autour de patios, sous la forme de plateaux sans affectation définitive de fonction. Ainsi la plupart des services sont interchangeables. Citons l’exemple de l’hôpital Nord Franche-Comté livré en 2015.

Il faut, de plus, se rendre compte qu’une dizaine d’années sépare la programmation de la livraison du bâtiment. Ce laps de temps est suffisant pour rendre caducs certains aménagements. Pour reprendre l’exemple du dernier hôpital pavillonnaire construit en France, celui d’Edouard Herriot ouvert à Lyon en 1933, ce dernier est conçu en 1910. Il commence à être construit 1913, il ne sera cependant achevé qu’en 1933 en raison de la Première Guerre Mondiale. Or, en 1933, le principe pavillonnaire est déjà désuet. Aujourd’hui, au rang des évolutions rapides, se retrouvent par exemple l’automatisation de la logistique hospitalière, l’apparition de nouveaux agencements des blocs opératoires (comme le hall opératoire au CHU de Grenoble depuis 2006), ou encore l’importance des salles serveurs agrégeant de plus en plus de données. A ces contraintes s’ajoute la nécessité d’adaptation aux situations d’urgences, constaté notamment durant la crise de la Covid-19.

Certains hôpitaux historiques suivant les modèles anciens (hospice ou pavillonnaire) sont aujourd’hui requalifiés pour de nouveaux usages. C’est le cas de l’hôpital Laennec dans le 7ème arrondissement de Paris, dont les services sont déplacés à l’hôpital Georges Pompidou en 2000, puis le bâtiment vendu en 2002. D’autres font l’objet de lourdes rénovations et d’extensions pour échapper à des locaux historiques devenus trop contraignants, trop coûteux à entretenir ou encore trop vétustes.

Une fois le bâtiment en usage, une contrainte supplémentaire vient s’ajouter à celles énumérées précédemment : la continuité d’exploitation. En effet, toute opération sur le bâti va devoir s’articuler avec l’activité des lieux. Il devient donc idéal de minimiser la durée des travaux tout en en réalisant le plus grand nombre pouvant contraindre l’activité. Autrement dit, il s’agit de trouver l’équilibre entre les coûts, les risques et les opportunités. Or ce résultat nécessite une vision complète de son patrimoine, des vétustés associées et des évolutions des pratiques hospitalières.

Ainsi il est crucial d’avoir une connaissance précise de la vétusté de son site et de ses équipements. De plus il est tout aussi important de pondérer ces informations par l’aversion au risque de l’organisme afin de prévoir et de coordonner au mieux les travaux et les investissements. Des missions dans lesquelles tbmaestro se propose d’accompagner les acteurs du secteur, fort de son expertise de la gestion d’actif en milieu hospitalier.


Mots-clés : Hôpital, architecture hospitalière, gestion d’actif, évolution hôpital, Hôtel-Dieu, pavillonnaire, monobloc, monospace, plateau technique

Date de l’article : 30/01/2024

Rédacteur :

Justin Miquel article

Sources :

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