Secteur de la construction, rentrée 2023 :  quelle est l’évolution du prix des matériaux et quelles sont les perspectives ?

24 Oct, 2023

Si la tendance inflationniste a semblé marquer le pas au courant de l’été 2023 et que les délais de livraison des matériaux se sont normalisés, les coûts des matériaux de construction fluctuent encore en cette rentrée 2023 et la conjoncture dans le secteur du bâtiment se détériore progressivement avec une baisse de l’activité, notamment dans le gros œuvre, prévisible au quatrième trimestre 2023.

« L’activité des matériaux se situe donc à bas niveau mais le rythme de dégradation tend à se stabiliser, en comparaison avec l’an passé devenant moins défavorable que début 2022 (où l’activité était plus soutenue) », décrypte l’Unicem (L’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction).

Après la flambée des prix des matériaux en 2021 et 2022, un ralentissement est observé depuis le début d’année 2023. Cependant, les matériaux nécessitant beaucoup d’énergie pour leur élaboration sont toujours exposés à des augmentations. Ces dernières concernent principalement le carrelage, la menuiserie PVC, la miroiterie et la vitrerie.

Cependant même si une baisse des prix semble probable sur les autres matériaux, il ne faudra pas s’attendre à un retour des prix à leur niveau d’avant crise sanitaire.

Calculs FFB – Sources INSEE

Quelles sont les causes de l’augmentation du prix des matériaux de construction ?

Les principales causes de cette augmentation sont liées à la crise sanitaire qui a bouleversé l’ensemble de la filière pendant deux ans. De nombreuses usines de production et scieries se sont arrêtées, la fabrication a pris beaucoup de retard. Une fois les périodes de confinement et les principales mesures d’arrêt des activités terminées, la demande de matériaux a connu une forte croissance dans le monde entier, à tel point que la demande a dépassé l’offre.

En France, c’est plus spécifiquement l’anticipation de la nouvelle réglementation RE2020 qui a provoqué une augmentation du nombre de demandes de permis de construire à la fin de l’année 2021, ce qui a encore intensifié la demande dans l’hexagone.

Ensuite, la guerre en Ukraine a eu pour effet d’entraîner l’arrêt des relations commerciales avec la Russie, qui est un grand pays producteur de matières premières (comme l’acier et l’aluminium), ce qui a retiré des matériaux du marché et déclenché aussi une flambée des prix de l’énergie et des carburants. C’est pourquoi ce sont les matériaux qui nécessitent beaucoup d’énergie pour leur élaboration qui continuent à voir leur prix grimper en 2023. 

Enfin, certains marchés ont priorisé la demande de leur propre marché intérieur et donc de fait ont jugulé leurs exportations, comme la Chine avec le bois par exemple.

Le cumul de ces facteurs était propice à engendrer de la spéculation sur les matières premières et les matériaux.

Qu’en est-il de l’observatoire des prix des matériaux de construction lancé début 2023 ? 

En janvier 2023, le gouvernement a annoncé la mise en place d’un Observatoire du prix des matériaux. Ce dispositif expérimental de suivi de l’évolution des coûts des matériaux de construction est piloté par la Médiation des entreprises et l’Insee.

Il avait à l’origine pour objectif d’apporter de la visibilité à la filière et d’assurer une solidarité entre grandes et petites entreprises. Cependant force est de constater que le projet ne rencontre pas le succès escompté.  L’Autorité de la concurrence qui a été saisie par Bercy a estimée dans un avis, publié le 5 juillet 2023, que le projet « comporte des incertitudes et des risques », et a recommandé d’envisager des solutions alternatives. Il n’y a donc pas de données tangibles exploitables en cette rentrée 2023 via ce dispositif comme espéré initialement.

A l’heure actuelle, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a dit « constater malheureusement que les industriels n’ont, à ce stade, pas joué le jeu en n’envoyant pas leurs chiffres » à l’Insee, désigné comme tiers de confiance pour établir des indicateurs fiables et transparents dans ce domaine.

Quelles sont les perspectives pour le secteur de la construction ?

Malgré la relative stabilisation des prix de certains matériaux, la conjoncture dans le secteur du bâtiment se détériore progressivement avec une baisse de l’activité notamment dans le gros œuvre prévisible au quatrième trimestre 2023.

Le logement est particulièrement touché avec -51 % de crédits accordés au deuxième trimestre sur un an, en raison de la remontée des taux et de la baisse du pouvoir d’achat des ménages. Dans le neuf, la chute des ventes de maisons individuelles est de -43,3 % en mai sur un an, soit le plus bas niveau enregistré depuis 20 ans. Dans ce contexte, les permis de construire poursuivent leur régression, de même que les mises en chantier avec un risque de multiplication des défaillances d’entreprise.

Ce déclin du nombre de permis de construire préfigure une importante chute d’activité également en 2024. Un présage partagé en cette rentrée 2023 par la Fédération française du bâtiment (FFB) et la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).

En rythme annuel sur les sept premiers mois de 2023, les mises en chantier de logements atteignent péniblement 303 000 unités, comme en 1991, année précédant les points bas historiques de 1992 et 1993 (environ 275 000 unités).

De plus, l’activité constructive du segment non résidentiel neuf qui résistait plutôt bien jusqu’ici ne progresse plus et commence à montrer également des signes de faiblesse.   

Par conséquent, les éléments disponibles début septembre 2023 conduisent la FFB à réviser à la baisse ses prévisions pour 2023, où l’évolution de l’activité bâtiment ressortira proche de 0 % en volume. Quant à l’emploi dans le bâtiment, sa phase de croissance continue depuis 2017 se replie.

Côté travaux publics, le bilan est plus favorable avec un rebond des prises de commandes de +14,5 % en volume sur un an. La conjoncture est encore incertaine mais manifestement l’activité et les carnets de commande se sont consolidés en cet été 2023 avec notamment le retour de la demande côté collectivités territoriales. Plusieurs développements hospitaliers l’expliquent, mais aussi de nombreux chantiers lancés par les collectivités locales, comme en atteste la hausse prévue de 2 % en volume de la dépense en bâtiment de ces acteurs.

Enfin l’amélioration-entretien, marché qui compte pour 54 % de l’activité du bâtiment, accélère un peu au deuxième trimestre 2023. Le chiffre d’affaires réalisé affiche +2,4 % en volume sur un an. Il en va de même de la rénovation énergétique, avec +2,3 %.

Quels sont les leviers pour éviter une crise immobilière majeure ?

La situation est critique mais des solutions sont envisageables pour limiter l’ampleur et la durée de la crise annoncée. En ce sens, le projet de loi de finances pour 2024 est particulièrement scruté par les différents acteurs du marché car il représente un tournant qu’il conviendra de bien négocier.

La FFB a déjà porté de nombreuses mesures, comme par exemple le redéploiement du PTZ (Prêt à Taux Zéro) à hauteur de 40 % du prix du logement sur tout le territoire et la revalorisation de ses barèmes, qui datent de 2016. C’est un moyen de relancer rapidement le marché en répondant à une demande bien présente, tout en permettant la sortie du parc locatif, ainsi que la levée de ressources budgétaires. La FFB demande aussi le retour du dispositif Pinel de 2022 dans l’attente de la mise en place du statut du bailleur privé et ce pour éviter une situation d’asphyxie du secteur locatif faute d’alimentation du parc. D’autres pistes ont été évoquées, telle l’aide aux maires bâtisseurs, le déploiement du bail réel solidaire ou tout ce qui peut permettre le retour des grands investisseurs ou des foncières sur le marché du logement, comme évoqué par le ministre du logement Patrice Vergriete. Néanmoins, ces mesures concernent majoritairement les grandes agglomérations alors que la situation se sclérose progressivement sur tout le territoire.

Côté rénovation, la FFB s’est montrée très satisfaite de l’annonce du quasi-doublement de MaPrimeRénov’ et espère que la transcription des annonces faite en faveur des séniors, avec la mise en place de MaPrimeAdapt’ sera bien prévue dans le projet de loi de finances pour 2024.

Dans un contexte de maîtrise budgétaire et de fortes fluctuations des prix des chantiers et de l’énergie, il est plus que jamais nécessaire pour les maîtres d’ouvrage ayant d’importants parcs d’actifs physiques en gestion, de se doter d’un système de gestion d’actifs performant.

Le besoin de visibilité sur l’évolution de la situation en projetant dans le temps les investissements tout en monitorant les indicateurs de suivi de la performance des actifs s’avère un prérequis indispensable à toute bonne gestion d’actifs. 

Depuis 10 ans, tbmaestro accompagne de nombreux maîtres d’ouvrages, publics ou privés dans l’élaboration de leur stratégie immobilière. En effet, une stratégie immobilière pérenne et évolutive via l’implantation et le suivi d’indicateurs de performance dans le temps permet d’investir le bon euro au bon endroit en répondant au plus juste à l’ensemble des problématiques immobilières rencontrées.


Mots clefs : Stagnation des prix des matériaux de construction, crise du logement, projet de loi de finance 2024, observatoire, construction, bâtiment, prêt, permis de construire, réglementation.

Date de l’article : 24/10/2023

Rédactrice :

Sources :

Note de conjoncture à début septembre 2023 Fédération Française du bâtiment

https://www.batiactu.com/edito/bercy-institue-un-outil-analyse-couts-production-materiaux-65569.php

https://www.insee.fr/fr/statistiques/7635978#:~:text=L’indice%20du%20co%C3%BBt%20de%20la%20construction%20(ICC)%20s,80%20%25%20au%20trimestre%20pr%C3%A9c%C3%A9dent).

https://www.batiweb.com/actualites/vie-des-societes/materiaux-de-construction-un-repli-a-relativiser-au-mois-de-juillet-42909

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