La gestion des actifs physiques connait un intérêt grandissant pour les gestionnaires de parcs immobiliers en proposant des outils et des méthodes visant à minimiser les risques et les coûts, optimiser la valeur (technique, financière ou d’usage) des actifs tout en respectant un cadre contractuel et normatif. En outre, l’actif physique est un maillon capital de la chaîne de valeur pour les organisations, d’où la nécessité d’une gestion efficace et efficiente.
Cet essor induit une professionnalisation des outils, des méthodes et des métiers dans un monde en pleine digitalisation. Ainsi, de nombreuses pratiques d’asset management s’inspirent de la maintenance industrielle et notamment la maintenance 4.0, à l’instar de la GMAO, qui a déjà engagé sa transformation méthodologique et digitale.
Si l’on note une grande quantité de données produites et d’analyses réalisées, ces processus sont-ils applicables à la gestion d’actifs ? A quels bénéfices et à quelles limites s’attendre ?
La maintenance 4.0
La maintenance 4.0 ou « Smart Maintenance » regroupe un ensemble de solutions technologiques visant à optimiser les opérations de maintenance, principalement en exploitant une grande quantité de données, collectées en temps réel, au niveau des équipements. Plusieurs technologies majeures sont au cœur de cette « révolution » :
- L’IoT (« Internet of Things ou « internet des objets ») : désigne l’interconnexion entre des objets physiques et leurs existences numériques en les équipant de capteurs capables de mesurer de nombreux paramètres (température, vibration, humidité, taux d’utilisation, nombre de cycles, etc.).
- Des logiciels métiers (GMAO, Systèmes d’informations, …) : idéalement interconnectés, ils permettent de stocker, de traiter et d’exploiter une grande quantité de données, issues de sources variées : objets connectés, rapports, contrôles réglementaires, etc..
- L’Intelligence Artificielle (Machine learning, deep learning, génération automatique de texte, etc.) : offre des outils permettant de définir des insights et des stratégies de maintenance performantes dans le but d’améliorer la fiabilité et la création de valeur des équipements. Elle apporte également un appui rationnel dans la décision des gestionnaires.
Des bénéfices pour la gestion des actifs physiques
En façonnant le futur des bâtiments intelligents, les outils de la maintenance 4.0 s’inscrivent dans la digitalisation des métiers de la gestion d’actifs physiques, que ce soit pour la collecte des données, leurs stockages ou leurs analyses. Ces technologies permettent de bénéficier d’une information exhaustive, disponible et exploitable pour élaborer des stratégies de gestion pertinente :
- La donnée est collectée, fiabilisée et exploitable en temps réel.
- Les interventions correctives et préventives sont délaissées au profit d’une maintenance prédictive : au plus près de la réalité de fonctionnement des installations, limitant ainsi les risques d’exploitations. Il est toutefois nécessaire de définir une stratégie de maintenance afin d’éviter le surinvestissement préventif.
- Les technologies d’IA permettent d’améliorer la prise de décision grâce à des analyses reposant sur la totalité des bases de données étudiées (par l’IA), d’améliorer la productivité grâce aux technologies de production et de lecture de rapports par exemple, de produire des informations à partir de photos, etc.
Par ailleurs, la maintenance 4.0 tend à automatiser des tâches à faibles valeurs ajoutées. De nombreux outils permettent ainsi de réaliser des tâches répétitives, plus ou moins complexes : émission de bons d’intervention, relevés de compteurs, etc.
La rationalité limitée
Au-delà du bénéfice pour la maintenance et l’exploitation des actifs, en transmettant et en rendant accessible la bonne donnée au bon moment, ces technologies apportent aussi une réponse à un biais théorisée par Herbert Simon : « La rationalité limitée ». Ce concept porte sur l’étude du comportement d’un individu face à un choix. Il suppose que l’acteur a un comportement rationnel, mais que sa rationalité est limitée en termes de capacité cognitive et d’information disponible. Dès lors, l’acteur a tendance à choisir des solutions satisfaisantes plutôt qu’optimales et va alors généralement s’arrêter à la première option qui satisfera à la situation concrète, tout en évitant de consommer trop de temps à effectuer son choix.
On comprend alors que le recours aux outils de la maintenance 4.0 peut permettre de compenser le manque d’information. L’IA peut s’avérer efficace pour traiter l’ensemble des données et rationaliser la prise de décision tout en garantissant que l’actif pourra accomplir la fonction requise.
Des limites en coûts, compétences et bénéfices
Si les bénéfices de tels outils peuvent être importants, ils sont à mettre au regard des défis que comportent la mise en place d’une maintenance 4.0 et de ses limites intrinsèques :
- Ces technologies sont initialement développées pour des équipements industriels. Leur application bâtimentaire reste, à l’heure actuelle, limitée. La plupart des capteurs que l’on retrouve sont donc installés sur des compteurs d’énergie et certains objets techniques. On peut toutefois citer le BIM et la GMAO comme outils ayant une application notable dans la gestion d’actifs.
- Au-delà de disposer de capteurs et d’outils digitaux, il est nécessaire de se doter des moyens et des compétences pour les gérer et les maintenir tout en étant capable d’analyser cette profusion de données.
- La maintenance 4.0 représente un investissement important, installer des capteurs ou se doter d’outil digitaux représentent des coûts conséquents qu’il faut mesurer et comparer aux bénéfices attendus.
- Enfin, ces nouvelles technologies ne se substituent pas à la gouvernance et à l’organisation de l’asset management, qui reste un pilier, garant de la réussite de votre gestion d’actifs.
En conclusion, la maintenance 4.0 pousse la porte des bâtiments intelligents, elle met la donnée au centre des stratégies en en collectant et traitant une très grande quantité tout en la rendant disponible en temps réel. Néanmoins, s’il faut compter sur ces technologies pour les années à venir, aujourd’hui son installation peut s’avérer complexe et onéreuse. La mise en place et l’exploitation de ces outils imposent aux organisations, pour un fonctionnement optimal, de se dimensionner en conséquence en se dotant des moyens, des compétences, de la gouvernance et de l’organisation adéquats.
L’enjeu est alors de déterminer, en amont, les objectifs de votre gestion d’actifs afin d’identifier les outils nécessaires et suffisants à déployer ainsi que le niveau de détail (connaissances et analyses) attendu. Autant d’éléments qui sont abordés dans l’analyse de maturité, outil proposé par tbmaestro, pour interroger votre organisation, et ainsi poser un plan d’actions dimensionné et vous correspondant.
Mots clefs : maintenance 4.0, outil, asset management, intelligence artificielle, gestion d’actifs physiques.
Rédacteur : Maxime CANOVAS
Date de l’article : 26/01/2022
Sources :
- ISO 55000