Vulnérabilité des actifs face au changement climatique
12 Nov, 2025
Face à l’intensification du changement climatique, de nombreux actifs se retrouvent en première ligne des impacts environnementaux et économiques. Les incendies, inondations ou encore canicules fragilisent durablement le patrimoine, les infrastructures et les organisations qui en dépendent. Comprendre les vulnérabilités des actifs face à ces aléas devient alors un enjeu essentiel pour mieux anticiper les risques.
Qu’est-ce que la vulnérabilité ?
Le risque est un aspect essentiel de la gestion d’actifs. Une de ses composantes est la vulnérabilité.
La vulnérabilité désigne la propension d’un système à subir des dommages face à un aléa, qu’il s’agisse d’une société, d’un territoire, d’un bâtiment, d’un réseau ou d’une infrastructure, en raison de ses caractéristiques physiques, sociales, économiques et institutionnelles. Elle traduit à la fois le degré d’exposition à une menace mais aussi sa capacité à y faire face, à s’adapter.
Selon l’Observatoire de l’Immobilier Durable (OID), la vulnérabilité dépend de l’exposition du système aux menaces naturelles ainsi qu’à sa sensibilité intrinsèque.
Figure 1. Evaluation de la vulnérabilité d’un bâtiment face à un aléa climatique, OID
Tour d’horizon des vulnérabilités recensées
Ainsi, à partir de cette compréhension globale du risque et de la vulnérabilité, il est possible d’identifier différentes formes de vulnérabilité propres aux systèmes exposés, quelle que soit leur nature. Chacune des vulnérabilités recensées traduit un aspect particulier de leur fragilité face aux aléas.
Vulnérabilité technique : caractérise les sources de dommages potentielles des structures et équipements face à des évènements extrêmes. Elle se base sur les différents endommagements possibles en fonction du type d’aléa.
Vulnérabilité sociale : caractérise les comportements, perceptions et capacités d’adaptation des populations lors d’évènements extrêmes. Elle est basée sur des facteurs tels que la mémoire du risque, la perception des menaces, la connaissance des moyens de protection, et la réaction des individus et organisations face à ces évènements.
Vulnérabilité institutionnelle : caractérise la capacité de réponse des institutions face aux évènements, elle est étroitement liée à la vulnérabilité sociale.
Vulnérabilité fonctionnelle : caractérise les dysfonctionnements engendrés par des évènements extrêmes sur l’usage et la fonctionnalité des actifs.
Vulnérabilité économique : caractérise les coûts engendrés par les évènements. Cela comprend les dépenses consenties dans la prévention des risques, la réparation des dommages engendrés, et l’impact sur les activités économiques.
Vulnérabilité environnementale : caractérise les impacts que peuvent provoquer des évènements extrêmes sur la végétation, les sols et la faune.
Matérialisation des effets et les impacts du changement climatique sur les actifs
Les conséquences du changement climatique se manifestent principalement à travers des évènements naturels devenus plus puissants, plus fréquents et plus persistants qu’auparavant. Les aléas climatiques qui en résultent sont notamment les suivants :
Incendies : plus ravageurs, plus fréquents et plus durables qu’auparavant, ils représentent un risque croissant pour les infrastructures et organisations.
Pluies / inondations : des précipitations plus intenses que par le passé et des inondations plus fréquentes, atteignant des niveaux records.
Sécheresses : leurs périodes s’allongent et fragilisent les structures et écosystèmes.
Retrait-gonflement des argiles (RGA) : conséquence directe des sécheresses, ce phénomène s’intensifie au fil des années et pourrait affecter plusieurs millions d’habitations individuelles dans les prochaines décennies.
Canicules : de plus en plus fréquentes, elles s’étalent sur des durées toujours plus longues.
Submersion marine : conséquence du réchauffement climatique et de l’exacerbation des aléas climatiques tels que les tempêtes, elle menace directement les régions côtières.
Les impacts du changement climatique et des aléas qui en découlent sur les actifs sont multiples. Les évènements climatiques extrêmes peuvent provoquer d’importants dommages structurels et techniques sur les bâtiments et infrastructures. Le dérèglement global du climat accentue également les enjeux liés au confort thermique, aussi bien en hiver qu’en été. En hiver, les températures plus froides soulignent la nécessité de sources de chaleur performantes et d’une meilleure maîtrise des déperditions thermiques. À l’inverse, les épisodes de fortes chaleurs rendent parfois certains bâtiments inexploitables, mettant en évidence l’importance d’un confort d’été.
Au-delà des dommages directs, ces phénomènes climatiques ont également des impacts indirects. Sur le plan opérationnel, certains actifs deviennent temporairement inutilisables, entraînant des perturbations dans les activités qu’ils abritent ou l’usage qui en est fait. Ces situations génèrent des conséquences économiques significatives, qu’il s’agisse des coûts d’anticipation et d’adaptation nécessaires pour renforcer la résilience des actifs, des dépenses liées à la réparation des dégâts ainsi qu’aux interruptions d’exploitation.
Évaluer les risques auxquels sont confrontés les actifs
La compréhension des effets induits par le changement climatique sur les actifs de son organisation constitue une première étape. Il s’agit à présent d’en évaluer les risques, afin de pouvoir par la suite établir une stratégie d’adaptation. Pour ce faire, divers outils et méthodes sont actuellement utilisés, permettant d’évaluer l’exposition des actifs aux aléas climatiques et d’en apprécier leur sensibilité.
Ainsi, l’évaluation des risques repose sur un état des lieux des menaces auxquelles sont exposés les actifs, en analysant des caractéristiques clés telles que l’environnement (topographie, proximité de zones à risques, natures du sol, …) et le facteur territorial notamment par le climat.
Plusieurs outils permettent cette démarche pour des actifs bâtimentaires. L’outil R4RE, de l’Observatoire de l’Immobilier Durable, permet par exemple de prendre en compte les enjeux climatiques, tandis que l’outil RITE du CEREMA évalue le risque d’inconfort thermique, notamment dans des actifs spécifiques tels que les logements. Le CEREMA a également développé la méthode ABCD, qui permet d’évaluer les risques encourus par le bâtiment en diagnostiquant les risques, la sensibilité et les enjeux du bâtiment.
Dans le cas d’actifs d’autres natures, l’évaluation des risques repose souvent sur la détermination de scénarios d’impacts détaillés. Ils permettent de projeter les conséquences potentielles du changement climatique sur les infrastructures, qu’elles soient linéaires, industrielles ou de transport, et d’en mesurer la vulnérabilité spécifique. Ces scénarios facilitent la priorisation des actions d’adaptation, en identifiant les zones ou équipements les plus exposés, mais aussi les leviers de réduction du risque les plus efficaces.
Enfin, il est indispensable de considérer le niveau de criticité de chaque actif, propre à chaque organisation, afin de hiérarchiser les priorités d’action et d’optimiser la planification des mesures d’adaptation.
Adapter les actifs
Adapter les actifs face au changement climatique consiste à renforcer leur résilience tout en préservant leur valeur patrimoniale et fonctionnelle dans le temps.
Par exemple, au travers de sa méthode ABCD, le CEREMA prône une adaptation qui n’est plus seulement réactive, mais également une adaptation transformatrice, qui permet de repenser complètement les usages et les caractéristiques des bâtiments. En complément, des indicateurs tels que le bâti-score, permettent de monitorer les risques et d’identifier les marges de progrès.
Ce processus d’adaptation est également applicable sur d’autres types d’actifs, qu’il soit linéaire, ferroviaire ou bien structurel. Sur ces actifs à orientation plutôt industrielle, les efforts doivent s’appliquer sur d’autres dimensions, telles que l’entretien courant, l’utilisation, ou même la recherche et développement. En effet, les processus de maintenance devront s’adapter et se concentrer sur de nouveaux points d’intérêt adaptés aux défaillances potentiellement causées par l’évolution du climat. L’exploitation des actifs devra également devenir plus raisonnée, en adaptant leur utilisation aux aléas climatiques afin de prévenir toute défaillance et d’assurer la continuité de service. Cet enjeu se joue dès la phase de conception : les prochaines générations d’actifs devront être pensées dans une logique de résilience, à travers le choix des matériaux, la facilité de maintenance et une planification des usages intégrant les contraintes climatiques futures.
Adapter les actifs est ainsi déjà un processus de résilience. Renforcer la résilience des actifs implique donc de les concevoir de manière qu’ils soient capables d’absorber et de se relever des perturbations climatiques, tout en assurant la continuité de leurs usages. Pour y parvenir, une planification cohérente permet d’intégrer les enjeux climatiques au sein des stratégies de rénovation et d’investissement.
Cette planification s’appuie également sur des outils de prévention territoriale, tels que les Plans de Prévention des Risques naturels (PPRn), qui orientent les choix d’aménagement en fonction des zones exposées. Elle est soutenue par les cadres institutionnels, qu’il s’agisse des politiques nationales de l’État ou des initiatives européennes, notamment la plateforme Climate ADAPT, qui centralise ressources et retours d’expérience.
Enfin, une démarche de suivi et d’amélioration continue est indispensable pour mesurer l’efficacité des actions engagées et ajuster les priorités.
En somme, anticiper reste la meilleure stratégie. L’approche de tbmaestro s’inscrit pleinement dans cette logique en aidant les organisations à hiérarchiser leurs priorités, à planifier leurs investissements et à bâtir une gestion d’actifs véritablement résiliente et durable.
Mots clefs : changement climatique, adaptation, vulnérabilité, risques
Golunski, C., Dujardin, P., Demulier, R., Guérin, M., & Norrant, C. (2025). Élaboration d’un outil d’évaluation du degré d’adaptabilité des bâtiments face aux enjeux du changement climatique : le Bâti-score. Territoire En Mouvement, 64. https://doi.org/10.4000/13gxw
Bergé, J. (2025, 21 mars). R4RE – Observatoire de l& # 039 ; immobilier durable. Observatoire de L’immobilier Durable. https://o-immobilierdurable.fr/r4re/
Le secteur de la construction, deuxième secteur le plus émetteur de CO2 en France, joue un rôle important dans l’atteinte des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
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