L’importance d’une gouvernance claire pour les propriétaires d’actifs

À l’heure où les organisations tendent à disposer de toujours plus d’actifs, eux-mêmes plus complexes, il paraît paradoxal qu’une majorité peine à en tirer une performance durable. Pourtant, ce paradoxe est quotidien, les propriétaires d’actifs parfois très bien dotés échouent non pas par manque de moyens mais par manque de structure. Ce mal discret, souvent sous-estimé, repose sur un pilier essentiel : la gouvernance. Absente, floue ou mal appliquée, elle ouvre la voie à une série de dérives qui compromettent la valeur de l’actif, non seulement sur le plan financier mais aussi sociétal, environnemental ou stratégique. Il est alors important de comprendre les mécanismes de ces échecs pour mieux saisir l’importance d’une gouvernance robuste.

L’absence de gouvernance ou le désordre organisé

Le premier symptôme d’une gouvernance défaillante est la confusion des rôles et des responsabilités. La chaîne de décision ne fonctionne plus correctement car personne ne sait réellement qui décide, ni sur quelles bases. Les décisions deviennent alors le produit d’arbitrages informels, d’influences personnelles ou de réactions impulsives qui favorises les erreurs. Cela ralentit les processus et génère une inefficacité qui se propage à la gestion des actifs.

Cette confusion s’accentue par le manque de transparence, qui, sans règles claires de reporting ou de contrôle, empêchent l’alignement des intérêts entre les parties prenantes et la direction de l’organisation. Les conflits d’intérêt se multiplient, tout comme les décisions prises sans analyse suffisante ni de vision à long terme.

L’absence d’un cadre de gouvernance solide signifie souvent qu’il n’existe ni de politique claire, ni d’indicateurs de performances fiables, ni de mécanismes de suivi pour une amélioration continue. La gestion d’actifs devient réactive hors de tout plan de risques associés, on traite sans comprendre d’où vient la défaillance. Dans un environnement où les risques, la réglementation et les attentes sociétales évoluent rapidement, cette approche court-termiste expose l’organisation à des chocs qu’elle ne peut absorber.

La destruction progressive de valeur annoncée

Sans gouvernance, sans politique de gestion d’actifs, les décisions prises perdent leur cohérence et leur efficacité. En effet, sur quelles bases se poser pour évaluer l’efficacité si la gouvernance n’a pas établi d’objectifs clairs. Cela conduit donc à une mauvaise allocation des ressources. Les gestionnaires, privés d’informations fiables ou d’un processus d’arbitrage structuré, vont mal investir. Les budgets se dispersent, le parc d’actifs sera alors mal entretenu ou développé, ce qui conduit directement à une perte de valeur.

Au même titre, cela aura un impact majeur sur la crédibilité de l’organisation, la création de valeur étant corrélée à la qualité des pratiques de la gouvernance mises en place. Une gouvernance insuffisante va fragiliser la confiance des parties prenantes avec des objectifs peu clairs ou changeants. Alors qu’elle doit servir comme outil de stabilité de la stratégie par rapport au cap à suivre pour l’opérationnel, chaque ambiguïté ou contradiction va la déstabiliser. La confiance est décisive.

Sans garde-fous, dans un environnement où la supervision est faible, le risque de dérive augmente plus facilement. Même sans intention malveillante, les comportements opportunistes, les décisions biaisées ou les erreurs non détectées se multiplient lorsque la gouvernance ne joue pas son rôle.

Figure 1 : Modèle tbmaestro adapté des travaux de l’Institute of Asset Management (IAM)

La gouvernance, dans le contexte de la gestion d’actif (Figure 1), va venir influencer significativement la gestion des actifs. Toutes les dérives cumulées peuvent conduire à un effondrement de la performance à moyen et long terme, car les actions quotidiennes ne seront pas alignées avec la volonté de la gouvernance. Les faiblesses vont s’accumuler sur des actifs qui semblent fonctionner mais seront d’autant plus visibles lors de période de tension. L’absence de gouvernance conduit donc à un lent processus de fragilisation qui finit par faire basculer la gestion d’actifs dans l’échec.

Construire une gouvernance solide et vivante

Une gouvernance efficace veille aux intérêts de l’ensemble des parties prenantes et les traduit en lignes directrices. Son engagement dans la gestion d’actifs est crucial : elle doit faire preuve de leadership et défendre son système de management. La bonne nouvelle est qu’une gouvernance claire n’est pas seulement un outil défensif, elle crée les conditions d’une performance durable grâce à l’élaboration ce de plans stratégiques.

Tout cela est possible avec la clarification des rôles et des responsabilités. Qui décide ? Qui exécute ? Qui contrôle ? Ces questions simples doivent avoir des réponses explicites pour renforcer la cohésion stratégique et maîtriser la chaîne de prise de décisions.

La gouvernance doit également garantir un alignement stratégique et opérationnel, c’est-à-dire faire un lien entre la volonté politique et les activités de gestion d’actifs. Cela découle d’une politique générale de gestion d’actifs élaborée et défendue par le top management qui se décline plus concrètement en objectifs de gestion d’actifs. La mise en place opérationnelle est ensuite parachevée grâce à des plans d’asset management qui définissent, entre autres, la mise en place des mécanismes de suivi de la performance des actifs. Cette surveillance protège l’organisation des dérives, renforce la confiance avec les parties prenantes et valide l’adéquation de la gestion d’actifs au niveau d’activité de l’organisation.

Figure 2 : Pyramide de la politique de gestion d’actifs

La gouvernance n’est pas accessoire, c’est une condition sine qua non

Le manque de moyens ou d’ambition ne sont donc pas la principale cause d’échec des organisations gestionnaires d’actifs. Ces dernières évoluent dans un monde où les cadres de décisions deviennent incohérents, les responsabilités floues, les risques non maîtrisés et la confiance fragile. La gouvernance n’est pas un luxe mais plutôt une colonne vertébrale de toute création de valeur durable.

La gouvernance est, par définition, un avantage stratégique majeur. Quand elle est claire et robuste, elle assure l’alignement entre les activités opérationnelles avec les enjeux stratégiques. Ceux qui l’ignorent s’exposent à l’échec ; ceux qui l’adoptent posent les fondations nécessaires d’une performance résiliente.

Dans le cadre de l’expertise tbmaestro sur l’asset management, il est possible d’analyser le système de gestion d’actifs de votre organisation en se basant sur les bonnes pratiques de gestion d’actifs guidées par le référentiel de l’ISO 55000 (norme internationale de la gestion d’actifs).

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Mots-clés : Gestion d’actifs, gouvernance, politique, confiance, maîtrise

Date de l’article : 09/12/2025

Rédactrice :

Sources :

• Boulerne, S. et Sahut, J.-M. (2010). Les sources d’inefficacité des mécanismes de gouvernance d’entreprise. Management & Avenir, 33(3), 374-387. https://doi.org/10.3917/mav.033.0374
• The Institute of Asset Management. An Anatomy of Asset Management, Version 4. July 2024. Section 3.4.3. https://www.theiam.org/knowledge-library/asset-management-an-anatomy/